LE FOOTBALL-CLUB-LISSACOIS





Evocation historique



De 1941 à 1966, le Football-Club-Lissacois a participé aux championnats de première et deuxième série de football organisés par le district de l’Ariège, lui-même rattaché à la Ligue du Midi de football.

Abel Fauré en fut le premier président avec Jean Pessant comme trésorier et Marcel Maurice comme secrétaire. Sur toute la période de vie du club, Abel Faure, Jean Verguin, Jean Pessant et Paul Coffe en furent les principaux dirigeants ; Marcel Maurice, Jean Boubila, Jean Caujolle, Claude Gillet, Robert Pessant en ont assuré les fonctions de secrétaire ou trésorier. Durant ce quart de siècle, à cause des difficultés à faire fonctionner un club dans un aussi petit village, le F.-C.-L. a aussi subi deux ou trois périodes de mise en sommeil (1).


Dans ce village, où il y avait eu une équipe de rugby quelques années auparavant suite à l’arrêt du club de Saverdun (2), c’est à la demande de quelques jeunes faisant partie des réfugiés venus du nord de la France en mai 1940 que le club de football a été crée fin 1940 et débute par des matches amicaux. A cette époque, la pratique du sport n’était pas très facile pour les jeunes du village (peu de sport à l’école, pas de terrain de sport)  et l’arrivée à Lissac de nombreux réfugiés pratiquant le football fut  déterminante dans cette initiative. On notera cependant que le 2 octobre 1941, le Football-Club-Lissacois et son président, Abel Fauré, ont organisé et délivré le Brevet Sportif National aux jeunes garçons et filles ayant satisfait à diverses épreuves sportives (courses, sauts,…).


A la création du club et même durant toutes les années quarante, les moyens étaient faibles, les équipements rustiques et il fallait beaucoup de volonté et de dévouement de la part des dirigeants et des joueurs pour le faire fonctionner. Il fallait bien sûr s’occuper des licences, mais aussi faire venir quelques joueurs de l’extérieur, trouver du travail à certains, aller les chercher (au début, tout le monde n’avait même pas un vélo !), organiser des matches amicaux, se déplacer parfois au district à Pamiers, etc… Avant chaque match, les joueurs traçaient eux-mêmes le terrain. Au fil des ans, certaines choses se sont améliorées, comme les transports, les équipements, mais le fonctionnement du club est resté toujours le même. Sans doute en était-il ainsi pour tous les petits clubs à cette époque-là (3)


Financièrement, le club vivait d’une petite subvention municipale et des entrées payantes, plus ou moins importantes suivant l’intérêt du match (un « derby » avec Saverdun, Mazères ou Montaut, un match déterminant pour le titre de champion de l’Ariège ou un match retour après un aller houleux attirait bien sûr davantage de spectateurs).

Pour la plupart des rencontres, le club pouvait compter sur cinquante à cent entrées payantes, le foot étant à ce moment-là la seule distraction du village. Des supporters suivaient aussi l’équipe en déplacement ; quelques lissacois profitaient du déplacement en autobus pour aller visiter quelques villes d’Ariège (4).

Les principales dépenses consistaient en l’achat d’équipements (maillots, crampons, ballons, filets), frais de licence, frais de déplacement en autobus.

Les dirigeants apportaient aussi leur aide financière et payaient quelques « tournées » au café Breau après les matches. Ils se chargeaient aussi d’aller chercher certains joueurs ou de leur payer le retour vers Toulouse par le bus.


A Lissac, les matches avaient lieu au terrain dit de la Restanque, du nom de la retenue d’eau qui séparait ce terrain du parc du château. Ce terrain servait aussi à faire paître les vaches et l’entrée était souvent boueuse… Au cours des matches, le ballon allait souvent dans l’eau et quelquefois dans le parc du château ; cela entraînait de nombreux arrêts de jeu, le temps de récupérer le ballon, le club n’ayant eu longtemps qu’un seul ballon.

Propriétaire de ce terrain, Jean Verguin a beaucoup fait pour faire vivre le club : transport de joueurs, déplacements au district, etc… Dans les dernières années, il avait  installé une douche dans l’étable (dépendances du château), les joueurs se mettant en tenue dans une pièce à proximité ; il faut dire qu’à l’époque, en dehors des villes les plus importantes, la plupart des stades ne possédaient pas de vestiaire et  les joueurs se changeaient au bord du terrain ou dans le bus ou dans les voitures (5). Madame Verguin préparait le thé pour la mi-temps et se chargeait du lavage des équipements le lendemain des matches (pas un petit travail !).


Le premier match du Football-Club-Lissacois eut lieu à Auterive au début de 1941, un match amical, le club n’étant pas encore engagé en championnat. Peu après, des espagnols sont venus jouer à Lissac ; ils venaient d’un camp de réfugiés espagnols situé à Lézat, camp dont ils cherchaient à sortir le plus possible.

Au fil des ans, outre les jeunes lissacois, les réfugiés du nord et les réfugiés espagnols, des joueurs sont venus des villages environnants et aussi de Toulouse. Certaines années, l’équipe était « compétitive » : elle a joué les premiers rôles en première série dont elle n’a jamais pu obtenir le titre de champion d’Ariège, parfois manqué de peu. Le Football-Club-lissacois a cependant été champion de deuxième série en 1950 : un trophée composé avec la photo des joueurs, réalisé à cette occasion par Jean Caujolle, est longtemps resté exposé au café Breau.


Nous tentons de rappeler ci-après le nom des joueurs qui ont porté le maillot du Football-Club-Lissacois (de couleur rouge ou rouge avec chevron noir, blanc les dernières années). Nous évoquerons seulement ici le plus emblématique d’entre eux, Clément Castex, qui a joué au football durant toute la vie de ce club dont il fut longtemps le capitaine. Il avait une quinzaine d’années en 1941 lorsqu’il a débuté et jouait encore en 1965 ; il occupait le poste d’inter (milieu offensif). Il a fait partie de la sélection du district de l’Ariège ; il a joué aussi à Saverdun et Mazères, lorsque Lissac était « en sommeil ».


Tous ceux qui ont suivi le football à Lissac ont gardé en mémoire quelques évènements marquants, en particulier les incidents qui étaient assez fréquents entre joueurs et dont le public se mêlait parfois. Entre autres bagarres ou incidents, nous citerons :

- un match à Montaut d’où, après une bagarre générale, Marcel Maurice est revenu avec la chemise qu’il étrennait toute déchirée,

- un match au Vernet d’Ariège où Jean Boin, spectateur au bord du terrain, fut violemment blessé au visage (nez cassé) par un joueur du Vernet,

- un match tendu à Luzenac où un joueur de cette équipe, à la fin du match, est venu lancer rageusement une bouteille dans le vestiaire lissacois (« Au secours, on nous assassine ! », criait Gérard Soula).

Les matches à Fabas (sur un terrain « vallonné ») et quelques derbys ont aussi été parfois houleux.

A Lissac, il y a eu aussi quelques bagarres, mais rien de bien grave. Cependant, quelques sorties de match ont été mouvementées, mais c’était à cause des bœufs de Jean Auriol qui, dès qu’ils voyaient les personnes revenant du terrain, se mettaient à courir vers elles (comme ils le faisaient en d’autres occasions). Celui-ci, qui avait son étable derrière la gare, faisait boire ses bœufs à la pompe située à côté de l’église, tous les jours vers cinq heures, soit à peu près à l’heure de la fin des matches le dimanche. Quelques personnes « chargées »  par ces bœufs ont connu là la peur de leur vie !


Il faut ici rendre hommage aux arbitres : ils faisaient bien sûr des erreurs de jugement et il leur fallait du courage pour affronter la colère et les insultes des joueurs et des spectateurs, ceux-ci étant tout au bord du terrain. Les dirigeants de l’équipe où se déroulait le match devaient souvent protéger l’arbitre à la sortie du terrain.

Chaque club devait présenter un arbitre (ou payer une amende) ; c’est Angel Farré qui a longtemps arbitré pour le compte de Lissac. Beaucoup d’arbitres étaient d’origine espagnole. Les lissacois se souviennent de M. Carretero et de M. Fernandez de Haro ; ce dernier, de Tarascon, était un homme sympathique que les lissacois appréciaient.


La dernière année de fonctionnement du club, saison 1965-66, fut difficile à mener à son terme : les dirigeants avaient du mal à trouver onze joueurs pour former l’équipe. En fin de saison, le club fut mis en sommeil…



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Pour mémoire, après cette mise en sommeil du F.-C.-L., l’abbé Jean Ferran, avec encore le soutien de Jean Verguin, prit l’initiative de créer une nouvelle équipe avec les jeunes de Lissac et Saint-Quirc. Cela conduisit à la création, en 1970, d’un nouveau club qui prit le nom d’Union Sportive Saint-Quirc – Lissac. Les matches avaient toujours lieu sur le terrain de la Restanque jusqu’à la création du terrain de sport municipal de Saint-Quirc.


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Liste des joueurs du Football-Club-Lissacois (1941-1966)

(Liste non exhaustive)




ADALLAC Henri,


BACQUIE Jacques, BARACETTI Ernesto, BERDEIL Emilien, BOIN Jean, BREIL Henri, BARACETTI Alfo, BARACETTI Tercisse,



CASTELIN Jean (réfugié), CASTEX Clément, CAUJOLLE Jean, COFFE Lucien (Caujac), CAZALS Gilbert (Toulouse), CAMI Hubert, CARRIERE Maurice,



DONNADIEU Jean, DRUART André (réfugié), DRUART René (réfugié), DORDAN Henri, DETROIS Roland, DETROIS Gilbert, DUSSERT Guy, DESCOINS Guy (Caujac), DELRIEU Marceau, DURIN Guy,



ESPLAS Paul, ESTEBAN Paul,


FERRO Amédée (réfugié espagnol), FAVAROTTO Guido, FERRER Angel, FERRER José, FAURE Raoul (Calmont), FARRE Joseph, FORESTELLO Marcel,



GONZALEZ Pedro (réfugié espagnol), GINES Louis (Canté), GAUBERT Irénée (Canté), GILLET Claude, GASULLA Henri (Grazac),



HERNANDEZ Francisco (réfugié espagnol),


LOUBIES André (Saverdun), LABORDE Elie (Cintegabelle), LEOTON Denis,


MORENO Antonio (réfugié espagnol), MERCADIE François, MINA Jacques, MAURICE Robert, MAURICE Guy, MASSAT Roger, MASSOUTIE … (Saint-Ybars), MISTOU Maurice, MAGGIOLO Germain (Esperce), MAGGIOLO Jean (Esperce), MERCADIE Guy,



OUDOL Roland (Cintegabelle),


PRADEL Robert  (Caujac), PESSANT Robert, PESSANT Alain,



QUARANTA Louis (Caujac), QUARANTA … (Caujac),



ROQUES Roger (Cintegabelle), ROQUES Roland (Cintegabelle), ROUJA Ernest (Canté), RAMONICH Pierre (Toulouse), RAMONICH Alain (Toulouse), RAYNAL Jacques (Toulouse), RAFFIT Jean-Paul (Saint-Ybars), RENAUD Gérard,



SOULA Gérard, SOULA Pierre, SOULA Serge,



VERGUIN Jean, VIDAL Paul, VERGE Lucien, VALERO Jean-Claude (Toulouse),





Quelques souvenirs de Jean Caujolle



Jean Caujolle avait treize ans en 1940 et a suivi le Football-Club-Lissacois dès sa création (il apparaît sur les premières photos de l’équipe). Joueur (inter puis goal) et dirigeant (secrétaire), il a participé à pratiquement toute l’activité de ce club et en a gardé de nombreux souvenirs.


- Les premiers matches.

« Pour le premier match de l’équipe, à Auterive, un seul joueur avait des crampons. En arrivant à Auterive, on a vu une petite remorque pleine de crampons devant la porte du café, près de la gare ; les joueurs d’Auterive étaient à l’intérieur. J’ai pris deux paires et ainsi trois joueurs de Lissac ont joué avec des crampons.

Pour ce premier match, il n’y avait pas encore d’espagnols dans l’équipe. Dans cette équipe il devait y avoir, si je me souviens bien, Jean Donnadieu comme goal, Roger Roques à l’arrière, Emilien Berdeil, l’aîné des Druart et peut-être Jean Boin en demis, Jean Verguin et Jean Castelin à l’avant,… les autres je ne me souviens pas, mais il n’y avait pas les espagnols, ils sont venus plus tard.


Voilà comment les espagnols sont venus jouer à Lissac. Quelque temps plus tard, nous sommes allés jouer à Lézat où nous avons perdu cinq à un. Après le match, on va au café ; à l’époque, il n’y avait pas beaucoup d’apéritif, on buvait un apéritif d’artichaut, du cynar (6). On était en train de boire lorsque un type arrive et dit : il vous faut nous faire sortir du camp ; c’est ainsi qu’on les a pris et qu’ils sont venus jouer au foot à Lissac : d’abord Amédée Ferro et Antonio Moréno, puis Pedro Gonzalez et Francisco Hernandez.

Mais le dimanche, avant le match, il fallait aller chercher les espagnols à Lézat en vélo. On partait chacun avec deux vélos (pas très commode surtout dans les côtes) et puis on revenait…et même chose après le match ! Cela ne pouvait durer très longtemps et on a vite essayé de leur trouver du travail à Lissac ou dans les environs pour qu’ils soient sur place le dimanche.  Ferro est venu travailler à la boulangerie Boin à Saint-Quirc, Moréno comme ouvrier agricole à Lafontine, Pierre Gonzalez chez Fauré et Hernandez chez Louis Doumeng.


Amédée Ferro était un véritable phénomène. Un jour, on va à Saverdun, salle Mistou, à une démonstration du Boxing-Club-Appaméen. Après les combats d’exhibition, les organisateurs demandent s’il y a des volontaires pour venir s’exercer contre l’un des boxeurs. Ferro y va, on lui demande de choisir un boxeur et désigne le meilleur d’entre eux ; on lui refuse ce choix, sans doute sous prétexte qu’il était trop fort pour lui. Mais Ferro ne voulait boxer contre personne d’autre ; devant son insistance, on lui a finalement accordé de boxer contre le meilleur … qu’il a mis d’équerre en moins d’une minute !

Je l’ai vu aussi plonger dans l’Hers, où on allait se baigner, du haut du pont de Boulbonne à Cintegabelle et je me souviens qu’il faisait de la musique avec ses dents. »


- Les poteaux de but.

« Je me souviens qu’au début, les poteaux de but avaient été faits avec des acacias et ils n’étaient pas très droits. C’est Hippolyte Garrigues, qui s’occupait de la régie électrique, qui a donné un poteau à l’équipe. Quelques joueurs sont allés à Gaillac, avec le charreton à bras de Jean Pessant, faire scier ce poteau dans sa longueur chez Pons, le charron.  Les barres de but avaient un côté rond et un côté plat,  mais elles étaient droites. »


- La licence de Gilbert Cazals.

« Un jour, on va jouer au Mas d’Azil, en championnat et on faisait jouer Gilbert Cazals sous fausse licence. Celui-ci venant d’un club de Toulouse n’avait pu faire mutation à Lissac car il fallait alors plus de cinquante kilomètres de distance pour pouvoir changer de club. A cette époque-là, Clément Castex était toujours le capitaine de l’équipe. Juste avant le match, les dirigeants annoncent à Henri Dordan qu’il est aujourd’hui nommé capitaine ; celui-ci, à la fois étonné et fier disait à ses coéquipiers : On me met capitaine aujourd’hui ! Il ne se doutait pas que si la fausse licence était découverte, c’est lui qui serait suspendu et non Clément, indispensable à l’équipe.


Une autre fois, à Labastide de Sérou, ils voulaient prendre Gilbert Cazals en photo pour porter réclamation (7). Aussitôt le match terminé, on l’a rapidement fait partir afin qu’ils ne puissent en apporter la preuve.


Après un match, Gilbert nous dit qu’il va à Ax-les-Thermes voir son frère René, croupier au Casino. Aussitôt on lui dit : Tu as un frère ? On pourrait lui faire signer une licence et on y mettrait ta photo ; ainsi tu pourrais jouer avec une licence à ton nom. Où est-il né ton frère ?

Ce dernier était né à Monistrol sur Loire. Dès le lendemain, j’écris à la mairie de cette ville pour demander un extrait de naissance de René Cazals, en disant que c’était pour demander une licence de football. Quelques jours après, je reçois une lettre sans aucun extrait : le secrétaire de mairie, qui devait être aussi footballeur, me disait qu’il avait directement envoyé l’extrait à la Ligue du Midi pour gagner du temps et qu’ainsi la licence serait plus vite faite. Et Gilbert a eu sa licence…


Autre chose encore.  Un jour le district nous demande de faire une déclaration sur l’honneur pour confirmer que Gilbert Cazals n’avait pas joué un match contre Montaut. Nous ne répondons pas ; nous avons alors été convoqués au district. Nous y sommes allés trois fois à Pamiers pour cette affaire, Jean Verguin (avec sa voiture), Jean Pessant et moi. Chaque fois il y avait aussi le docteur Blazy, de Montaut, car si le match avait été déclaré perdu pour Lissac, Montaut était champion. La troisième fois, Blazy était même venu avec Cassède qui était avocat (c’était le fils de Madame Cassède, l’ancienne institutrice de Lissac). Mais nous n’avons rien cédé. 


Gilbert Cazals était un bon joueur, il jouait demi-centre. Il tenait une boucherie à Arnaud-Bernard, à Toulouse et travaillait le dimanche jusqu’à midi. Il venait ensuite à Lissac en solex pour jouer à quinze heures. Pour gagner du temps, Jean Verguin allait souvent à sa rencontre, avec sa voiture, pour être sûr qu’il soit à l’heure, notamment lors des déplacements. »


- Les frères Ferrer partent à Saint-Girons.

« Angel et José Ferrer habitaient à Lissac et jouaient dans l’équipe. Quand ils sont partis à Saint-Girons, ils ont signé là-bas. Lorsque la saison suivante on va jouer à Saint-Girons, ils étaient donc dans cette équipe ; nous avons été battus et nous leur avons promis que ça ne se passerait pareil au match retour et qu’on les battrait.


Mais le dimanche précédent ce match retour, on joue à Saverdun et ça ne se passe pas trop bien : après bagarre, Lucien Vergé, Joseph Farré et Clément Castex, en tant que capitaine, sont exclus par l’arbitre. Nous voilà bien embêtés pour recevoir Saint-Girons le dimanche suivant alors que nous avions à cœur de prendre notre revanche.

Alors là, on a fait fort, on a fait jouer nos trois joueurs suspendus sous fausse licence. Mais on avait bien préparé le coup. A Lissac, il n’y avait que M. Ferrer, l’épicier, qui avait un appareil photo ; dans la semaine, on est allé lui expliquer que si on le lui demandait dimanche, il n’avait pas d’appareil photo !


Le dimanche, avant le match, au contrôle de nos licences, lorsque le capitaine de Saint-Girons appelle Quaranta c’est Lucien Vergé qui se présente ! Les Ferrer n’en croyaient pas leurs yeux, Ce n’est pas lui ! disaient-ils à l’arbitre, Fernandez de Haro. A l’appel du deuxième frère Quaranta, je crois, c’est Clément qui se présente, et même chose encore pour Joseph Farré. Les Ferrer n’étaient pas contents et demandaient à porter réclamation, ils connaissaient bien tous nos joueurs. Mais faute d’appareil photo, Saint-Girons ne put porter réclamation. »


- 182 habitants à Lissac, 250 entrées payantes à la Restanque !

« On jouait en première série et, pour le dernier match, on recevait Auzat. Si Lissac gagnait, Saverdun était champion ; si on perdait, c’était Auzat. Toute la semaine précédant le match, on allait voir Loubiès, à Saverdun, pour parler de ce match : Si vous pouviez les battre ! nous disait-il ; ils souhaitaient bien sûr notre victoire.

Pour le match, les saverdunois étaient venus en nombre et on n’avait jamais vu autant de monde au stade : nous avons fait deux cent cinquante entrées payantes, au lieu d’environ quatre vingt habituellement ; alors qu’à Lissac, il y avait à l’époque cent quatre vingt deux habitants.


A la mi-temps, on mène quatre à zéro. Mais la deuxième mi-temps a été terrible pour nous, on n’en pouvait plus et nous avons finalement perdu le match cinq à quatre. Il faut dire que c’était le lendemain de la noce de François Lagarrigue, nous nous étions couchés vers cinq heures du matin... Mais les saverdunois n’étaient pas contents ! Surtout de la façon dont nous avions perdu ce match.»


(Souvenirs recueillis le 16 mai 2008)





NOTES


1.- Il n’existe plus aujourd’hui d’archives du Football-Club-Lissacois, ce qui ne permet pas de faire un historique précis de ce club. Nous tentons ici d’en évoquer le fonctionnement à partir de nos souvenirs et de ceux de quelques personnes.

2.- Au début des années 30, une équipe de rugby avait été créée à Lissac avec des joueurs de Lissac, de Saint-Quirc et de Saverdun. Voir Lissac, Notes Historiques, 2002, p. 134.

A noter qu’Ernesto Baracetti doit être le seul joueur a avoir joué à la fois au rugby et au football à Lissac.

3.- Dans son ouvrage Un siècle de football à Pamiers 1904-2004 paru en 2004, éditions Nuance à Varilhes, M. Roger Alloza raconte les déplacements du Pamiers-Olympique, notamment à Lissac :

« Au cours de ces voyages, entrepris généralement en groupe et à bicyclette, les obstacles permanents renforcent la solidarité de l’équipe. Ainsi, lorsque, au moment du retour, un copain blessé se trouve dans l’incapacité de pédaler, on le hisse sur son vélo et on le tire jusqu’à Pamiers au moyen d’une corde attachée à la selle d’un équipier. C’est flanqués d’un tel attelage, et au rythme de l’effort grimaçant de l’homme de tête, que les gars du P.O. effectuent le pénible retour de Lissac en 1939, sur ces interminables lignes droites balayées par le vent d’ouest de la Nationale 20.

L’année suivante, les « bleu et blanc » reviennent à Lissac, mais par le chemin de fer cette fois. Descendus en gare de Saverdun, ils poursuivent leur route à pied jusqu’au lieu de la rencontre. Faisant fi de la fatigue accumulée au cours de ce périple pédestre, ils remportent le match haut la main. Malheureusement, le soir venu, sept kilomètres à pied supplémentaires agrémenteront le bilan de la journée car, très mauvais perdants, les Lissacois refuseront catégoriquement de démarrer les autos pour ramener à la gare leurs valeureux vainqueurs ».

Il semble que la date de 1939 soit ici erronée car, à cette date, l’équipe n’existait pas encore à Lissac. Ces rencontres ont probablement eu lieu en 1941. A noter qu’à Lissac, à cette époque, il n’y avait que MM. Fauré et Verguin qui possédaient une voiture.

4.-  D’après Jean Caujolle, le premier autobus utilisé pour les déplacements venait de Mauressac ou Miremont ; il s’agissait d’un dénommé Couzy ? (ou Gouzy ?). C’était un gazogène qu’il fallait alimenter avec du bois. Ont ensuite transporté l’équipe et ses supporters, M. Dutech de Cintegabelle et surtout M. Dussert de Mazères.

5.- Un terrain de sport municipal souvent promis (notamment lors des élections municipales de 1971), n’a jamais été réalisé à Lissac. Saint-Quirc aura quelques années plus tard son terrain de sport sur lequel jouera alors l’Union Sportive Saint-Quirc – Lissac  (créée en 1970).

6.- Le Cynar, peu connu aujourd’hui, est une marque italienne d’apéritif au goût amer et réalisé à partir de feuilles d’artichaut, de plantes et herbes aromatiques.

7.- Avant le début de chaque match, les capitaines contrôlaient les licences de l’équipe adverse en présence de l’arbitre. Ils regardaient surtout si la photo agrafée sur la licence du joueur appelé était bien celle de ce joueur. Il arrivait assez souvent qu’un joueur joue sous fausse licence, par exemple un joueur suspendu ou un quatrième étranger, trois étrangers étant autorisés. Si ce joueur était découvert par le capitaine adverse, celui-ci devait porter réclamation auprès de l’arbitre, mais il fallait surtout prendre ce joueur en photo à côté de l’arbitre pour en apporter la preuve et être sûr de gagner le match sur tapis vert. Mais les appareils photos étaient rares à l’époque…







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