NOTICES DIVERSES
L’HISTORIEN BARRIERE-FLAVY (1863-1927)
Bonaventure-Casimir Barrière-Flavy, issu d’une vieille famille ariégeoise, est né à Toulouse le 21 mars 1863. Après des études à Pamiers et à Toulouse, il devient avocat à la Cour d'appel de Toulouse (1884-1889) ; il consacre ensuite son temps à ses passions qu’étaient l’histoire et l’archéologie.
Auteur de « La seigneurie et les seigneurs de Lissac et Labatut au comté de Foix (XIII°-XVIII° siècle) », étude parue dans le Bulletin périodique de la Société Ariégeoise des Sciences, Lettres et Arts de 1922 à 1925, il a publié un grand nombre de travaux sur l’histoire de la région toulousaine et notamment sur la basse Ariège. Outre Lissac, il a fait des publications sur Pamiers, Saverdun, Saint-Quirc, Calers, Gaillac-Toulza, Auterive, Cintegabelle, Boulbonne, Calmont, etc… La mort l’a empêché de produire une œuvre plus considérable encore : il décède à Toulouse le 23 juin 1927, âgé seulement de 64 ans.
Il a laissé quelques-uns de ses manuscrits, papiers et documents à la Bibliothèque de l’Université de Toulouse (BU Arsenal) et d’autres documents aux Archives départementales de la Haute-Garonne. A noter que son « Histoire de la ville et de la châtellenie de Saverdun », publiée en 1890, a été rééditée en 1978.
Casimir Barrière-Flavy possédait une propriété à Puydaniel, village dont il fut élu maire en 1896 et réélu en 1900, 1904 et 1908. Il était aussi propriétaire du domaine de Gentillac à Saint-Quirc (vendu en 1919 à la famille Léotard, de Labatut) et de la métairie de la Pièce-Longue à Labatut (vendue en 1910 à la famille Trouvé, d’Unzent). Un demi-siècle plus tard, des habitants de Saint-Quirc se souvenaient encore de lui venant au château de Gentillac en calèche tirée par des chevaux.
AU SUJET DE LA FAMILLE DU PAPE BENOIT XII
Sur les registres d’état civil, on relève le 17 avril 1842 le décès à Lissac, dans la maison de Jean Bouffil, de Jacques Fournier, 73 ans, célibataire, né à Canté, fils de Jean Raymond Fournier et de Jeanne Lafage.
D’après le curé Pezet qui a procédé le 19 avril à l’inhumation du défunt dans le cimetière de Lissac, Jacques Fournier serait le dernier descendant de la famille du pape Benoît XII. M. Pezet indique sur le registre paroissial qu’il était le « dernier rejeton de la famille qui prétend avoir vu sortir de son sein le pape Benoît XII » et précise qu’ « il a vécu de la vie des saints, privé de la vue presque entièrement, il n’avait jamais pu apprendre à lire, et cependant par son application il était devenu très versé dans la connaissance des saintes écritures ».
Cette descendance est bien sûr impossible à vérifier d’autant plus que les origines de Benoît XII sont mal connues. Cette relation à la famille du pape s’est certainement transmise oralement, de génération en génération ; elle est connue des descendants à Lissac de la famille Bouffil qui était unie à la famille Fournier (ou Fourniès) par le mariage de Jean Bouffil avec Marguerite Fourniès vers 1825.
On sait que le pape Benoît XII est né à Canté vers 1280, peut-être à la métairie dite de Fourniès, et portait le nom de Jacques Fournier. Son père, Guillaume, était fournier c’est-à-dire qu’il faisait cuire le pain au four banal du village ; on ne connaît pas le nom de sa mère. Il avait un oncle, Arnaud Nouvel (ou Novelli), qui fut moine à Boulbonne, abbé de Fontfroide puis cardinal, dont probablement il bénéficia de l’aide. Après avoir prononcé ses vœux de religion à l’abbaye de Boulbonne, Jacques Fournier fut étudiant à Paris, abbé de Fontfroide en 1311, évêque de Pamiers en 1317 puis de Mirepoix en 1326 ; en 1327 il est fait cardinal sous le titre de St-Prisque puis élu pape en 1334 à Avignon où il mourut en 1342.
On retient de Jacques Fournier que comme évêque de Pamiers il mena l’Inquisition contre l’hérésie cathare dans son diocèse en faisant établir la copie de tous les interrogatoires ; comme pape, il entreprit la construction du palais des papes à Avignon.
LES PLANTATIONS D’ARBRES LE LONG DES ROUTES
ASPECT HISTORIQUE
Remises en cause depuis quelques dizaines d’années dans le cadre de la sécurité routière, les plantations d’arbres le long des routes font partie du patrimoine historique de la France ; les premières décisions à leur sujet datent de plus de quatre siècles. A l’origine, ces plantations ont été faites pour des raisons économiques car les forêts ne satisfaisaient plus les besoins croissants du pays en bois, besoins à la fois domestiques, industriels et militaires ; plus tard, il s’agira surtout de consolider ainsi le bord des chemins et d’embellir les villes et villages.
Après les sévères ordonnances prises par François 1er pour défendre le capital forestier et en régler les usages, Henri II ordonne en 1552 que des ormes soient plantés le long des chemins publics, le bois d’orme étant très utilisé dans la construction navale. A partir du XVII° siècle, le pouvoir royal, notamment avec Sully puis Colbert, se préoccupe de l’état des routes qui sont alors de faible largeur et mal entretenues. Mais c’est au siècle suivant que le réseau routier va vraiment s’améliorer avec le début d’une administration des ponts et chaussées ; en 1720, un arrêt précise la largeur des grands chemins et ordonne les plantations d’arbres, à la charge des riverains.
Dans les Pays d’Etats, comme Foix et Languedoc, routes et ponts étaient de la compétence des états provinciaux, mais ce n’est qu’à partir de 1740 que les Etats de Foix se sont vraiment intéressés aux chemins du comté qui étaient jusque-là entretenus par les communautés. Un plan d’ensemble des routes à construire ou à réparer, avec les règles à respecter, est établi en 1756 ; ce plan comprenait le chemin de Saverdun à Saint-Quirc (longtemps appelé « chemin du sel ») qui a fait l’objet de travaux importants et a vu son tracé aligné à la fin du XVIII° siècle (1). Cependant, à la Révolution, le Comté de Foix a encore un réseau très incomplet et en mauvais état alors que les routes du Languedoc sont parmi les meilleures du royaume.
Les divers régimes du XIX° siècle font un gros effort en faveur des chemins. Les plantations d’arbres le long des routes se poursuivent (à la charge de l’Etat après 1825) toujours dans un but économique mais certainement aussi dans le cadre de l’embellissement des villes et villages ; dans notre région, les entrées de village, les places et allées sont souvent bordées de platanes.
A Lissac, les platanes qui longent la route départementale sur tout le territoire de la commune ont été plantés en 1878 (délibération du conseil municipal du 3 janvier 1878). Il s’agissait alors d’embellir le village et de marquer le tracé de la route tout en donnant de l’ombre aux voyageurs.
Il y a aussi à Lissac le chemin dit « des mûriers » ; des acacias avaient également été plantés pour former une petite allée à l’entrée du bâtiment école-mairie.
1.- Une délibération du conseil municipal de Lissac, en date du 18 janvier 1829 et relative à un différend entre la mairie et M. Sol, propriétaire du château, nous apprend à ce sujet :
- qu’en 1829 la route de Lissac à Saint-Quirc était bordée de peupliers plantés par M. Sol, propriétaire riverain, plus de vingt ans auparavant.
- que le terrain du nouveau tracé de la route avait été fourni par Gaston Duvivier, mort en 1794, celui-ci ayant repris l’emplacement de l’ancien chemin (situé dans le parc actuel du château). On en déduit que les travaux rectification du tracé de cette route ont bien été entrepris vers 1787, comme prévu par les Etats de Foix.
LE MOULIN
Le moulin à vent qui domine Lissac depuis plusieurs siècles fait sans doute partie des constructions les plus anciennes du village. Cette tour en briques, de forme légèrement conique, est aujourd’hui vide mais pas encore trop endommagée ; elle fait partie du patrimoine historique de Lissac dont elle signale le village.
Ce moulin existait déjà au seizième siècle : il est mentionné dans les biens appartenant à Corbeyran de Château-Verdun et d’Espagne, coseigneur de Lissac et Labatut, décédé en 1589. On trouve ensuite, au cours des siècles suivants, des actes de mise en fermage passés entre le seigneur propriétaire et le meunier qui en avait l’usage. Le 5 octobre 1792, Pierre-Gaston Duvivier, dernier seigneur propriétaire, donne en fermage à Louis Abribat, meunier, habitant au moulin d’Esplas, « le moulin à vent que le dit citoyen Duvivier possède au lieu de Lissac avec le terrain accoutumé et y annexé à portée du logement de la métairie de Gastou… ».
Le moulin a encore fonctionné au cours du XIX° siècle : on relève en avril 1836 le décès à Lissac de Bertrand Pédoussaut, meunier (né à Esplas, époux d’Antoinette Abribat) et en septembre 1837 la naissance d’une fille d’Antoine Fourtou, meunier, et de son épouse Marguerite Garrigues. Antoine Fourtou est toujours meunier et demeure au moulin de Lissac en décembre 1856 (naissance d’un fils).
On peut dire que le moulin s’est arrêté dans la deuxième moitié du XIX° siècle et qu’il est dans l’état actuel depuis au moins cent vingt ans ; les personnes les plus anciennes que nous ayons connues n’avaient pas le souvenir du moulin couvert de son toit. La métairie de Gastou est cependant restée habitée jusqu’à la fin du siècle.
A noter qu’il y avait autrefois un autre moulin à vent sur le territoire de la commune : il s’agit du moulin dit de Labatut, situé sous le château de La Tour ; il n’en reste plus rien aujourd’hui. Il faisait partie des biens appartenant au coseigneur demeurant à La Tour. Il fonctionnait encore, semble-t-il, au milieu du XIX° siècle (baptême en 1835 d’une fille de Pierre Fourtou et d’Antoinette Nègre « du moulin de Labatut » et, en 1851, remariage de Jean Donnadieu, meunier à Labatut.)
Dans le midi toulousain, les premiers moulins à vent ont été construits au cours du XIII° siècle. Ils se sont multipliés dans les siècles suivants, notamment dans le Lauragais voisin ; il y en avait assez peu en Ariège (quelques-uns sur les coteaux du Terrefort, entre les vallées de l’Ariège et de la Lèze) où l’on trouvait surtout des moulins à eau.
LE CIMETIERE PROTESTANT
Le cimetière dit « protestant » est situé au-dessus du moulin, dans les fossés de l’ancien château fort de Lissac. Il a été créé par la famille Sol, propriétaire du château de Lissac de 1794 à 1895 et dont trois membres ont été maires de Lissac. D’origine saverdunoise et protestants, les Sol étaient nombreux au XVIII° dans cette ville, la plupart faisant partie des notables.
Ce cimetière, entouré d’un mur de clôture avec un portail en fer forgé, n’est plus entretenu depuis plusieurs dizaines d’années par les descendants de cette famille. L’actuel propriétaire en assure la conservation par un débroussaillage périodique. On peut y voir encore le piédestal d’un monument dont la partie supérieure est détruite.
Il y aurait plusieurs tombes dans ce cimetière (entre six et neuf ?). A notre connaissance, les trois personnes suivantes y ont été enterrées :
- Jean-Jacques Sol, décédé le 6 septembre 1854 à l’âge de 72 ans. Maire de Lissac de 1840 à 1848, il était estimé semble-t-il par les lissacois ; le curé Pezet lui-même le considérait comme un bon maire. On doit à Jean-Jacques Sol le grand hangar grenier construit en 1838 à côté de l’église.
- Jacqueline Marie Caroline Sol, épouse de Jean-Jacques, décédée le 12 décembre 1855 à l’âge de 58 ans.
- Valentine Henriette Elise Sol, décédée le 28 août 1858 à l’âge de deux ans.
Cette dernière était la fille aînée de Paul Sol, neveu de Jean-Jacques, et de Joséphine Julie Laromiguière qui ont eu cinq enfants : un garçon (Louis Etienne Georges) et trois autres filles (Elise Henriette Berthe, Valentine Julie Sylvia et Amélie Julie Marguerite).
Aujourd’hui, les descendants de Paul Sol et son épouse ne nous sont pas connus ; on sait seulement que leur fils, Louis Etienne Georges Sol, s’est marié une première fois en 1902 à Neuilly puis, une deuxième fois, en 1918 à Bordeaux.
Dans les années 1920-1930, une personne de la famille Sol serait venue à Lissac voir le château et le cimetière et aurait laissé une somme d’argent à la famille Verguin pour l’entretien du cimetière (il s’agissait probablement de Louis Etienne Georges Sol). A cette occasion, une photo de cette personne en compagnie de M. Léopold Verguin aurait été faite.
LA BASCULE PUBLIQUE
Une bascule publique existait autrefois à Lissac sur la place du village, en bordure de la rue de l’école. Construite en 1910, elle a été démolie dans les années 70. Elle était placée sous régie simple d’exploitation, le régisseur recevant la moitié des recettes (il était payé par le percepteur).
Le 20 janvier 1910, le conseil municipal approuve les devis relatifs à la fourniture et la pose d’un pont-bascule public à établir sur la place du village (devis d’un montant de 1306 francs dressé par M. G. Boudin, constructeur à Toulouse).
Cette bascule est mise en régie le 22 mai 1910 auprès de M. François Roques, receveur-buraliste à Lissac. Les tarifs sont ainsi fixés :
- porc, veau, mouton : 0,25 franc
- bœuf, vache, génisse : 0,30 franc
- paire de bœufs, vaches ou génisses : 0,50 franc
- charrette de moins de mille kilos : 0,80 franc
- charrette de plus de mille kilos : 1,00 franc.
De nouveaux tarifs sont fixés le 23 mai 1926 :
- animaux à l’unité : 0,50 franc
- animaux à la paire : 1 franc
- véhicules dont le poids est inférieur à mille kilos : 1 franc
- véhicules dont le poids est supérieur à mille kilos : 2 francs.
En 1930, Baptiste Abribat et nommé régisseur.
Le 1° juillet 1936, le conseil municipal renouvelle le tarif du pesage après que des réparations aient été effectuées. Les tarifs suivants sont appliqués :
- par unité (cochons, bœufs, taurillons, veaux) : 0,50 franc
- fourrages au dessous de 1000 kilos : 1 franc
- de 1000 à 2000 kilos : 2 francs
- camions par unité : 4, francs.
Le 10 janvier 1947, de nouveaux tarifs de pesage sont décidés :
- cochons, bœufs, taurillons, veaux, par unité : 10 francs
- camions, par unité : 20 francs
- charrette, par unité : 20 francs.
Lors de la même délibération du conseil municipal, il est procédé à la nomination d’un nouveau régisseur, Baptiste Abribat étant décédé. Le conseil désigne Léocadie Breau , née à Auterive (Hte-Gne), pour remplir cette fonction. Cette nomination prend effet le 1° janvier 1946.
Le 17 février 1951, le régisseur ayant donné sa démission, c’est Georgette Breau-Boubila qui est nommée régisseur à partir du 1° janvier 1950 (dernière gérante).
De nouveaux tarifs de pesage sont fixés :
- un porc ou un veau : 20 francs
- un bœuf : 25 francs ; une paire de bœufs : 50 francs
- chargement paille et fourrage : 3 francs les 100 kilos, poids net.
Ces tarifs ont probablement encore évolué avant la fin de l’exploitation de la bascule publique.
LA FABRIQUE DE L’EGLISE
Le terme « fabrique » désignait autrefois les biens et revenus de l’église de chaque paroisse. Ces biens étaient gérés par le « conseil de fabrique » (appelé aussi « fabrique ») dont les membres, les « marguilliers », étaient élus périodiquement par les paroissiens. Les biens gérés par la fabrique comprenaient les possessions de l’Eglise (maisons, terres, rentes suite donations) et les revenus de l’exercice du culte (casuel, quêtes, offrandes, location des bancs et chaises). Tous ces revenus servaient à l’entretien de l’église et à couvrir les frais du culte. Depuis la loi de séparation des Eglises et de l’Etat du 9 décembre 1905, il n’y a plus de fabrique dans les paroisses.
A Lissac, le conseil de fabrique comprenait sept membres. On relève par exemple, en 1850, les membres suivants : Paul Pezet, curé, membre de droit ; Jean Lacombe, maire, membre de droit ; Jean Colombiès ; Jean Vidal ; Antoine Blanc ; Bernard Cassaing ; Jean Auriac. Le bureau est composé du président (Paul Pezet), du trésorier (Jean Colombiès), du secrétaire (Bernard Cassaing) et d’un membre (Antoine Blanc).
Le budget établi pour cette même année 1850 prévoyait 498,10 francs de recettes (excédent année précédente, fermage du cimetière, rentes, location des chaises, produit des quêtes et troncs) et 518,20 francs de dépenses (cire, encens, huile, chandelles, blanchissage et réparation des linges et ornements, traitement des employés, obits et fondations, réparations à l’église).
En 1906, dernière année de l’existence de la fabrique, les membres étaient : Elphège Tourrou, curé ; Paul Vidal, maire ; Symphorien Latronche ; Marc Rumeau ; Jean Auriac ; Jean Gaubert ; Laurent Garrigues.
LES CLOCHES
En avril 1900, cinq cloches ont remplacé deux cloches plus anciennes au clocher de l’église de Lissac.
Ces cloches ont été fournies par la Fonderie Louison, Lévêque Amans gendre, successeur, 25 Allée Lafayette à Toulouse, pour la somme de 3052 francs et la reprise des deux vieilles cloches. Elles ont été mises en place par Guillaume Déjean, maçon à Canté (100 francs). Les brides de fixation ont été faites par Paul Pierré, forgeron à Lissac (48 francs) et Germain Berdoulat, menuisier-ébéniste à Lissac, a fourni des pièces de bois (solives, chevrons, planches, pièces de chêne pour 72 francs).
L’achat des cloches a été couvert par les dons faits à cette occasion par les habitants et paroissiens de Lissac (dont celui de M. Paul Vidal, maire, de 1200 francs).
Ces nouvelles cloches ont été bénies le 1° avril 1900 par Mgr Rougerie, évêque de Pamiers. Les marraines étaient : Marie-Louise Cazajus, sœur du curé, Germaine Berdoulat, Jeanne Mourère, Joséphine Bacquié et Maria Vidal.
Caractéristiques des cloches (nom et poids):
- 1° étage : Marie-Louise, cloche de 35,950 kg, battant de 2,350 kg.
- 2° étage, à gauche : Germaine, cloche de 174 kg, battant de 4 kg.
- 2° étage, à droite : Jeanne, cloche de 70,4 kg, battant de 6.5 kg.
- 3° étage, à gauche : Joséphine, cloche de 302,5 kg, battant de 11 kg.
- 3° étage, à droite : Maria, cloche de 597 kg, battant de 21,6 kg.
LES CROIX SUR LE TERRITOIRE DE LA COMMUNE
Des croix ont été plantées depuis quelques siècles dans les villages (près de l’église, sur une place, à un coin de rues, …) et sur le territoire communal (limite de paroisse, bord de chemin, carrefour, point surélevé,…).
Les croix que l’on voit aujourd’hui ne sont pas en général très anciennes. Sur le plan chronologique, on peut distinguer les croix en fer forgé qui datent du XVIII° siècle et de la première moitié du XIX° et les croix en fonte utilisées ensuite. Elles ont parfois remplacé des croix plus simples, en fer ou en bois. Certaines d’entre elles peuvent rappeler un ancien lieu de culte (ou un ancien cimetière), marquer le lieu d’un événement (fait de guerre, foudroiement, accident) ou en perpétuer le souvenir (missions) ; d’autres ont pu être installées par la seule volonté d’une personne. Elles peuvent donc être des repères d’une histoire locale qu’il nous semble intéressant de retrouver.
On sait que les croix servaient de station aux processions qui s’effectuaient encore tous les dimanches au début du XX° siècle ainsi que lors des rogations (prières qui se déroulaient durant les trois jours précédant l’Ascension pour demander la protection des récoltes).
A Lissac, il existe aujourd’hui sept croix sur le territoire de la commune : croix route de Saverdun, croix de Marquèze, croix devant l’église, croix face à la rue du moulin, croix de la Digue, croix de Pouca et croix de Campane (ou de la Craste). Il y a quelques années, on pouvait voir également une croix au milieu de l’allée centrale du cimetière.
Les croix portées sur l’ancien plan cadastral de 1762 dites de Sainte-Autarie (à la limite de Lissac et Labatut, au bord de la route), de Saint-Jean (croisement du chemin de Gentillac) et du Champ de la croix (chemin de Montfort) n’existent plus aujourd’hui à ces emplacements (à noter que le tracé de la route de Saverdun à St-Quirc a été rectifié à la fin du XVIII° siècle).
Renseignements trouvés à ce jour concernant les croix de Lissac:
- 1728 : Installation d’une croix devant l’église par le curé Brunet, probablement en souvenir de la mission faite cette année-là (Annales). Cette croix a aujourd’hui disparu ou a été déplacée lors des travaux de déviation de la route.
- 1832 : Le 26 février, inhumation de Marie Dubarry, 80 ans, par le curé Pezet « dans le cimetière de la paroisse sous la croix de fer » (le cimetière de Lissac date de 1778).
- 1836 : Achat par la fabrique de l’église de trois croix, une pour le cimetière et les deux autres pour la campagne, pour la somme de quinze francs (compte de la fabrique de 1836).
Le 24 décembre 1836, le curé Pezet a procédé à l’inhumation de Marie Cantegril, 85 ans. En marge de l’acte d’inhumation, il a porté la mention suivante : « Bienfaitrice de la chapelle Notre-Dame. Sera pour mémoire que la croix en fer de sa tombe doit servir pour son mari ou être portée à Pouca ». C’est peut-être l’origine de la croix de Pouca, qui pourrait être une des deux croix achetées pour la campagne cette même année. On remarquera que la croix de Pouca et la croix de Campane sont identiques.
- 22 juin 1861 : Délibération du conseil municipal concernant le déplacement à Marquèze, en remplacement d’une vieille croix en bois, de la croix située au bord de la route, en face de la rue principale du village, c’est-à-dire en face de la rue du moulin. A cet endroit, sera installée une croix sur un piédestal en pierre de taille en remplacement de la précédente.
Le devis de M. Breil, maçon à Lissac, relatif à la construction de ces deux croix, est adopté par le conseil le 14 juillet 1861.
La construction de ces deux oratoires fut alors certainement exécutée mais on relève en 1864 une polémique concernant la croix de Marquèze (voir ci-après).
- 1862 : Construction d’une croix en pierre devant l’église par le curé Pezet en souvenir de l’ancien cimetière. Elle porte l’inscription « Ancien cimetière de Lissac » (Registres église).
- 15 novembre 1864, délibération du conseil municipal :
« Le conseil, vu sa délibération du 22 juin 1861 approuvée par M. le préfet relative à la plantation de deux croix, l’une sur le bord de la route n° 8 et faisant face à la rue principale du village, l’autre au quartier dit de Marquèze,
Attendu que la croix qui est actuellement sur le piédestal de Marquèze a été érigée sans l’approbation de l’autorité et au grand scandale de la population comme provenant du cimetière d’où elle avait été enlevée de nuit par des mains coupables,
Attendu que l’autorité judiciaire n’a pas cru devoir donner suite aux procès-verbaux qui furent dressés à ce sujet, il ne s’ensuit pas pour cela que l’autorité administrative doive demeurer neutre et sanctionner par son silence un acte coupable,
Délibère :
La croix actuellement placée sur le piédestal de Marquèze sera enlevée et réintégrée à la place qu’elle occupait au cimetière. Elle sera remplacée immédiatement sur le piédestal par celle plus convenable achetée en 1861 par les soins de l’autorité locale ».
Une ancienne tradition dit qu’une chapelle se trouvait à Marquèze mais on ne connaît pas l’emplacement (Bulletin Historique du diocèse de Pamiers, n° 34, avril-juin 1937).
UNE TREVE SIGNEE A LABATUT EN 1591
Dans sa publication « Le capitaine Jean Le Comte, gouverneur du château et de la ville de Foix, 1584-1600 » (Bulletin de la Société Ariégeoise des Sciences, Lettres et Arts, 1905), C. Barrière-Flavy rapporte que le 8 août 1591 une trêve fut conclue à Labatut entre :
- d’une part, le sieur de Maure (Hector de Saman, coseigneur de Caujac) pour les députés des villes environnantes (Cintegabelle, Auterive, Montgeard, Nailloux, Saint-Léon, Auragne, Venerque, Gaillac-Toulza, Saint-Ybars, Lézat, etc…) sous l’autorité du duc de Joyeuse, du parti catholique de la Ligue,
- et d’autre part, le capitaine Le Comte, gouverneur de Foix et Mazères, avec le syndic général du pays de Foix et les députés de Mazères, Saverdun et Calmont choisis par le sieur Daudou, sénéchal du comté de Foix.
Le but de cette trêve, dont la durée n’est pas indiquée, était de protéger les travailleurs des champs et leurs bestiaux pendant les troubles occasionnés par les guerres de religion et les luttes de la Ligue contre les protestants. Ces guerres dureront encore quelques années : après l’abjuration du protestantisme en 1593 par Henri IV, roi de France et comte de Foix, les chefs ligueurs se soumettent les uns après les autres de 1594 à 1598.
On peut supposer que cette trêve fut signée au chàteau de La Tour, demeure de Jeanne d’Espagne, dame de Lissac et Labatut, décédée en 1582, et de sa fille Françoise d’Arros qui épousera François d’Orbessan en 1594.
LES REGISTRES DE NOTAIRE,
UNE SOURCE DE L’HISTOIRE LOCALE
Les registres des notaires, conservés aux Archives Départementales, constituent une source indispensable pour découvrir des informations relatives à l’histoire d’un petit village comme Lissac et de ses habitants.
Autrefois, les habitants avaient souvent recours au notaire (1). Outre les actes de vente, la plupart d’entre eux faisaient des contrats de mariage et des testaments ; le moindre accord concernant un prêt d’argent, un remboursement de dette, un bail de fermage, une constitution de rente ou une donation, faisait l’objet de la rédaction d’un acte chez le notaire. On trouve également dans les registres des actes concernant des procurations, des inventaires de biens après décès, des résignations de cures, des délibérations de conseils politiques, des réquisitions en cas de non-remboursement de dette, des estimations de travaux, des réceptions de maison, des protestations, etc…
La lecture de ces registres, difficile pour les plus anciens, a permis de prendre connaissance d’évènements datant de quelques siècles comme, par exemple :
- un premier mariage, en 1543, de Françoise d’Espagne, dame de Lissac et Labatut, avec Jacques de Sus, seigneur de Taurignan (Bourgnon, notaire à Gaillac-Toulza).
- une transaction passée en 1699 entre la province de Languedoc, le Pays de Foix et les communautés de Cintegabelle et Lissac au sujet des limites des province, pays et communautés (Bernard Limoges, notaire à Toulouse).
- une opposition à un mariage, à Lissac, en 1721 (Antoine Lafage, notaire à Cintegabelle).
L’utilisation fréquente de ces officiers publics fait qu’à cette époque il y avait des notaires jusque dans les petits villages. C. Barrière-Flavy signale la présence d’un notaire à Lissac en 1517 (Jammes de Sadirac) et à Saint-Quirc en 1631 (Paul Sénac). Il y avait également des notaires à Gaillac-Toulza, Caujac, Cintegabelle, Saverdun, Le Fossat, dont certains actes concernent Lissac (2).
1.- C’est à partir du XII° siècle que des notaires ont été adjoints aux cours de justice royale ou seigneuriales pour authentifier les actes. Dans la France de l’Ancien Régime, on distingue jusqu’en 1597 :
- les notaires, officiers publics qui dressent les actes et contrats authentiques,
- les tabellions, qui gardent les minutes (originaux des actes) et délivrent les grosses (copies).
En 1597, les offices de tabellions sont supprimés et remplacés par ceux des notaires garde notes qui, très vite, ne se distinguent plus des offices de notaire.
2.- De nombreux actes concernant Lissac m’ont été signalés par M. Pierre Castex (1910-1998) qui a fait de longues recherches dans les registres de notaire.
DES CONTRATS D’APPRENTISSAGE EN 1648 ET 1722
Sous l’Ancien Régime, l’apprentissage d’un métier par une personne, en général jeune, se fait chez un marchand ou un artisan. Pendant un temps déterminé, l’apprenti doit respect et obéissance à son maître qui lui apprend le commerce, la marchandise ou le métier afin qu’il puisse devenir un jour lui-même marchand ou artisan. Lorsqu’il a réalisé son chef-d’œuvre, il devient à son tour membre d’une communauté de métiers.
Ce placement en apprentissage donne lieu à un contrat passé devant notaire. On relève, par exemple, deux contrats concernant des personnes de Lissac, l’un en 1648 et l’autre en 1722. Les clauses de ces contrats nous renseignent sur l’organisation de l’apprentissage à cette époque et sur les sommes payées par l’apprenti, les parents ou le tuteur.
CONTRAT PASSE ENTRE JEAN ARMAN ET BERNARD GARAUD
(1648)
Dans les registres d’Antoine Gasc, notaire à Caujac (ADHG, 3 E 24568), on trouve en date du 14 mai 1648 le contrat en apprentissage du métier de tailleur d’habits passé entre Jean Arman, natif d’Autun en Bourgogne et laquais du sieur de Lissac, et Bernard Garaud, maître tailleur à Lissac. On lit dans cet acte que :
- Jean Arman est tenu de « servir et travailler du métier de tailleur dans la boutique du dit Garaud »,
- Jean Arman ne peut prétendre à aucun salaire pendant deux années à partir du quatorze février dernier, date à laquelle il a commencé à travailler,
- pendant ce temps, Bernard Garaud « sera tenu d’entretenir bouche », c’est-à-dire de nourrir son apprenti, même en cas de maladie,
- pour cet apprentissage, Jean Arman donne à Bernard Garaud la somme de soixante livres,
- si Jean Arman quitte Bernard Garaud ou ne veut pas travailler, il sera permis à ce dernier de prendre un garçon à sa place et de le payer à ses dépens,
- au cas où « le dit Garaud ne voudrait lui donner du travail et le tenir dans sa boutique et entretenir comme dit, il sera loisible au dit Arman de se mettre avec un autre maître tailleur aux dépens du dit Garaud ».
CONTRAT PASSE ENTRE PIERRE OURGAUD ET FRANCOIS AUDOUY
(1722)
Dans les registres d’Antoine Lafage, notaire à Cintegabelle (ADHG, 3 E 23380), on relève en date du 22 décembre 1722 le contrat en apprentissage du métier de tisserand passé entre Pierre Ourgaud, de Lissac, et François Audouy, tisserand du hameau de Gauzens à Cintegabelle.
Le contrat est passé dans la maison de François Audouy et Pierre Ourgaud est assisté de Dominique Troy, son oncle maternel par alliance, ses parents Bernard Ourgaud et Jeanne Fajet étant décédés. On y lit notamment que :
- François Audouy promet de prendre Pierre Ourgaud et lui enseigner « tout ce qui regarde le dit métier de tisserand moyennant la somme de trente livres et seize mois de temps que le dit Ourgaud apprenti promet aussi de lui donner, l’année d’apprentissage passée »,
- Pierre Ourgaud « a payé tout présentement la somme de quinze livres aux espèces en deux écus de sept livres dix sols pièce »,
- Pierre Ourgaud a emprunté cette somme à Guillaume Bourrouil, laboureur, habitant de Piot, juridiction de Canté,
- pour l’assurance de cette somme, Pierre Ourgaud et Dominique Troy donnent en fermage pour trois années au dit Bourrouil « une vigne et un petit lopin de terre labourable joignant, contenant en tout quatre journées d’homme ou environ au termini de las pipières, juridiction du dit Lissac » pour la somme de quatre livres dix sols chaque année payable à la fête de la Toussaint,
- Pierre Ourgaud et Dominique Troy s’engagent à payer à François Audouy les quinze livres restant avant l’échéance de l’apprentissage,
- François Audouy pourra « quand la besogne manquera » faire travailler Pierre Ourgaud à son utilité et à ce qu’il voudra,
- au cas où Pierre Ourgaud ne voudrait pas rester avec François Audouy, par difficulté à apprendre le métier ou autre raison, « pourra toutes fois que le dit Audouy le lui enseigne patiemment », Pierre Ourgaud et Dominique Troy devront payer les quinze livres dues à François Audouy, ce à quoi ils s’obligent solidairement,
- « comme est dit par en dessus que le temps de l’apprentissage est fait pour le temps d’une année et seize mois au-dessus du dit temps, cependant la vérité est que le temps d’apprentissage n’est pour tout terme que de seize mois après quoi il lui sera loisible de prendre son parti comme bon lui semblera »,
- les seize mois commencent ce jour,
- François Audouy « promet de nourrir et entretenir de nourriture » Pierre Ourgaud et au cas où ce dernier le quitterait par sa faute, il pourra prendre un ouvrier du métier aux dépens de Pierre Ourgaud et de Dominique Troy.
UNE OPPOSITION A UN MARIAGE EN 1721
Dans les registres d’Antoine Lafage, notaire à Cintegabelle de 1696 à 1723, on relève de 1721 à 1723 quatre actes relatifs à un évènement rare : une opposition à un mariage.
- Le 5 septembre 1721 à Lissac, dans la maison de Jeanne Cassaigne, veuve de Jean Micheau, François Nicol, boulanger de Lissac, fils d’Henry Nicol et de Jeanne Fuziès, et Marie Micheau, fille de la dite Jeanne Cassaigne, promettent de se prendre en mariage et de le « solenniser en face de notre Sainte Mère l’Eglise catholique, apostolique et romaine quand l’une partie requerra l’autre ».
Jeanne Cassaigne et Henry Nicol, leurs parents, sont présents. Jeanne Cassaigne constitue en dot à sa fille « un lit composé de couette et coussin remplis de plume, six linceuls de toile moitié lin et moitié étoupe, une couverture de laine du prix de dix livres, huit serviettes et une caisse du prix de sept livres, une robe de burat double et le cotillon de burat simple, noir » ainsi qu’une somme de cent vingt livres payable dans quatre ans, avec l’intérêt. De son côté, Henry Nicol fait donation à son fils de tous les outils nécessaires pour travailler de son métier ainsi que de la quatrième partie du jardin qu’il possède.
- Le 3 décembre 1721, François Nicol et Marie Micheau résilient le contrat précédent, à Lissac, dans la maison de Pierre Souquety. Le nommé Jean Danvielle, meunier de Lissac, « aurait fait signifier un acte d’opposition à leur dit mariage à Maître Brunet, curé du dit lieu, pour qu’il n’eut pas à passer outre à la proclamation des bans du mariage des constituants, ce qui en aurait arrêté la publication ».
François Nicol et Marie Micheau se rendent respectivement libres, renoncent aux clauses de ce contrat et consentent que chacun d’eux contracte mariage avec qui bon lui semblera. Marie Micheau « veut satisfaire aux engagements qu’elle a faits aux autres que le dit Nicol » et promet de rendre à François Nicol « une bague bordée d’argent, un lacet de soie et une paire boucles ».
- Le 15 février 1722, Jean Danvielle et Marie Micheau passent un contrat de mariage, au moulin de Lissac, en présence d’Augustin Danvielle et de Françoise Laguens, parents du futur époux. Marie Micheau n’est pas assistée de sa mère, elle agit avec son consentement verbal en présence de sa tante maternelle, Claire Cassaigne. Les futurs époux déclarent qu’ils n’ont rien dans ce monde que « ce qu’il plaira à leurs pères et mères leur donner à la fin de leurs jours qui pourra être de valeur pour un chacun des conjoints de la somme de vingt livres ».
- Le 4 avril 1723, Jeanne Cassaigne, veuve Jean Micheau, fait son testament dans lequel, après avoir dit qu’elle a marié deux filles, elle déclare « qu’elle a une autre fille nommée Marie Micheau qui passa contrat de mariage le 15 février 1722 avec Jean Danvielle, meunier, sans être assistée de la testatrice qui ne voulait point de ce mariage » et ajoute que dans ce contrat sa fille déclare que « les droits qu’elle pourrait prétendre de la dite testatrice après sa mort peuvent valoir la somme de vingt livres, néanmoins, pour faire voir à sa dite fille qu’elle est une bonne mère et qu’elle oublie entièrement sa désobéissance, elle donne et lègue à la dite Marie Micheau sa fille la somme de quatre vingt livres payable par son dit héritier » (elle nomme ensuite Jean Micheau, son fils, comme héritier général et universel).
Dans cette affaire, on peut penser que le mariage Nicol-Micheau était « arrangé » par les parents comme cela se faisait autrefois, mariage dont la future mariée ne voulait probablement pas.
Dans le registre paroissial de Lissac, on relève le mariage de François Nicol avec Marie Abadie, tous deux de Lissac, le 10 février 1722 et le mariage de Marie Micheau avec Jacques Abribat, de Fabas (diocèse de Couserans), valet de Mr de Lissac, Paul d’Orbessan, seigneur de Saint-Martin, le 19 mai 1722.
A noter cependant que Jeanne Cassaigne ne parle pas du mariage de sa fille Marie dans son testament du 4 avril 1723.
A L’EPOQUE DU PASTEL
Le pastel, plante dont on tirait une teinture bleue très recherchée, fit la richesse du pays toulousain au XVI° siècle ; il était très cultivé dans le Lauragais voisin et en fit la renommée. Le pastel était aussi cultivé à cette époque à Lissac et Saint-Quirc ainsi que dans d’autres villages de la rive gauche de l’Ariège (Caujac, Mauressac, Miremont).
A Lissac, on relève l’existence d’un moulin pastellier :
- près du château fortifié, moulin énuméré dans les biens de Corbeyran de Château-Verdun, seigneur de Lissac et Labatut, décédé en 1589 (1) ;
- puis dans la maison de « Lissac de bas », le château actuel, moulin signalé dans la visite du château effectuée le 25 juillet 1659 pour voir les réparations à y effectuer (2).
Un moulin pastellier existait aussi à la métairie des Galaffes, entre Lissac et Saint-Quirc. Il est signalé lors de la vente de cette métairie par Paul de Verdais au syndic des religieux de Calers le 2 juin 1631 (3).
Le principe des moulins pastelliers était simple : autour de l’axe d’une meule fixe placée horizontalement tournait une seconde meule, posée verticalement sur la première et entraînée en général par un cheval, pour réduire en bouillie les feuilles de pastel. Il s’agissait donc d’une structure beaucoup moins spectaculaire que les moulins à vent.
Le pastel à donné lieu à un commerce très actif, probablement avec des petits marchands locaux qui achetaient les coques aux cultivateurs pour le compte de négociants toulousains. On relève la protestation le 29 décembre 1608 (4) de Jean de Soubiran (époux de Louise de Château-Verdun, dame de Lissac) contre Jean Lamarque, marchand de Puydaniel, au sujet de la vente du pastel conformément à un pacte passé entre eux le 26 août précédent. Il semble que Jean Lamarque ait refusé de prendre le pastel de Jean de Soubiran comme il s’y était engagé, mettant en cause la qualité de la marchandise qui aurait été mal entretenue.
Les grands marchands de pastel ont fait fortune avec ce commerce et ont pu ainsi acheter des domaines, voir des seigneuries, et faire construire de nombreux hôtels particuliers à Toulouse, comme par exemple l’hôtel d’Assezat, le plus célèbre.
A un niveau moindre, des marchands locaux se sont aussi enrichis ; on peut citer Bernard Verdais, fils d’un marchand de Lissac mort en 1578, qui devient propriétaire du château de Passebel (appelé plus tard château de Verdais, aujourd’hui clinique de Verdaïch). Bernard et son frère Paul se sont même faits anoblir vers 1595, ce qui suppose une certaine fortune car l’anoblissement coûtait cher (5).
1.- C. Barrière-Flavy, Lissac, p. 98.
2.- Jean Gout, notaire à Caujac.
3.- Antoine Villespy, notaire à Auterive.
4.- Jean Gout, notaire à Caujac.
5.- C. Barrière-Flavy, Le château de Verdais, BSA, 1914.
DES PRELEVEMENTS D’IMPOTS DIFFICILES
Sous l’ancien régime, les impôts étaient prélevés par un collecteur désigné par les consuls (désignation d’une personne respectable du village ou choix après adjudication). Ce collecteur payait également les dépenses de la communauté dont il assurait ainsi la gestion financière ; il rendait compte ensuite de cette gestion aux consuls.
Aux XVII° et XVIII° siècles, les impôts étaient écrasants pour toutes les classes de la société, notamment pour les paysans, leur collecte n’allait pas sans difficultés (contestations, retards, menaces). C’est plus particulièrement la relève de la taille, impôt sur les terres roturières prélevé par le roi, qui faisait l’objet de la plus grande résistance ; les propriétaires s’organisaient parfois en « syndicat » pour s’opposer à son paiement. Les saisies de biens ou de récoltes décidées contre ces propriétaires récalcitrants donnaient souvent lieu à de véritables bagarres.
C. Barrière-Flavy rapporte à ce sujet les démêlés survenus en 1669 entre Henry et Jean de Soubiran, seigneurs de Lissac, et les consuls de Cintegabelle au sujet des tailles que les deux frères refusaient de payer pour les biens qu’ils possédaient dans cette juridiction. Lorsque l’un des consuls tenta de pratiquer la saisie des récoltes, Henry et Jean de Soubiran se jetèrent sur lui « et l’auraient si fort excédé qu’il en serait demeuré malade et détenu au lit pendant longtemps ». Malgré les doléances du consul de Cintegabelle aux Etats de Languedoc, il semble qu’il n’ait pas été donné suite à cette affaire (1).
Une autre affaire nous est relatée par le même auteur. Elle concerne la famille de Castet demeurant au château des Pesquiès, à Gaillac-Toulza, qui n’avait pas payé les tailles depuis 1639. Après divers épisodes (comme en 1655 la saisie d’une paire de bœufs et d’un cheval aussitôt vendus sur la place publique de Gaillac), une véritable bataille se livra aux Pesquiès le six février 1676 entre Marie de Castet et son mari Jean Bouffilh, d’une part, et les consuls, sergent et syndic de Gaillac-Toulza appuyés par un archer de la maréchaussée de Toulouse, d’autre part. La famille de Castet, refusant toujours de payer les tailles, se barricada dans la maison et lança des pierres contre les consuls et archer. Armée de bâtons et couteaux, elle s’opposa ensuite à la saisie de quelques meubles. Une bagarre s’en suivit mais force resta à la loi : Jean Bouffilh fut appréhendé et conduit malgré sa résistance aux prisons de Gaillac (2).
1.- CBF, La seigneurie et les seigneurs de Lissac et Labatut au comté de Foix (XIII°-XVIII° siècle), 1922-1923.
2.- CBF, Le château des Pesquiès, 1914.
CELEBRATION DE LA RESTAURATION DE LA ROYAUTE EN 1814
Les registres des délibérations municipales de Lissac, mentionnent parfois des évènements nationaux, notamment les changements de régime qui ont marqué le XIX° siècle.
On constate ainsi, par la célébration qui été effectuée le 24 avril 1814, que la restauration de la royauté a été particulièrement bien accueillie par le conseil municipal et toute la population. On lit en effet le compte rendu suivant :
« Ce jour d’huy, dimanche, vingt quatrième jour du mois d’avril de l’an 1814, dans la commune de Lissac, canton de Saverdun, département de l’Ariège, nous, Jean-Louis-Gabriel Micheau maire de la commune de Lissac, soussigné avec Pierre Lacombe adjoint au maire, en vertu de l’arrêté de Monsieur le préfet du département, en sa date du 18 avril et de la circulaire du 19 du dit mois relatif à la publication des Sénatus consultes des 3° et 6° avril imprimés à la suite du sus dit arrêté, portant que Napoléon Bonaparte est déchu du Trône et que la famille de Bourbon est rétablie sur le Trône de France, avons choisi le présent jour de dimanche afin de donner plus d’éclat et de pompe à la solennité de cette publication. En conséquence, la veille et le matin de ce jour, la cérémonie a été annoncée par le son de cloche.
A dix heures du matin, avons réuni à la maison commune Messieurs les membres du conseil municipal et la garde nationale sous les armes, tous en cocarde blanche aux chapeaux et le drapeau blanc déployé nous sommes transportés dans les quartiers principaux du village, avons fait la proclamation des actes sus mentionnés suivie de la lecture des paroles adressées par Mr le préfet à cette occasion aux habitants du département, auxquelles lectures la population de la commune qui nous accompagnait a donné son entier assentiment par les cris de « Vive le roi Louis 18, vive la famille royale » tandis que la garde nationale faisait des décharges de mousqueterie.
A trois heures du soir, le même cortège s’est rendu à l’église pour consacrer cet heureux événement, il a été chanté un Te Deum en action de Grâce avec « le Verset Dominé Salveum fac Régem ». Et enfin, à six heures, le feu de joie a été allumé par le corps municipal aux cris de plus fort répétés de « Vive le roi » et aux décharges de mousqueterie. La cérémonie s’est terminée en arborant le drapeau blanc sur le haut du clocher. Et nous sommes signés avec notre adjoint ».
Suivent les signatures de Micheau, maire, Lacombe, adjoint, Colombiès et Lauzerte, conseillers municipaux.
On peut penser qu’en 1814 les habitants étaient las des difficultés vécues durant les vingt-cinq dernières années. Lors de l’assemblée de la communauté du 25 mars 1789 pour la désignation des députés aux Etats généraux, ils n’avaient souhaité que « la réforme des abus, l’établissement d’un ordre fixe et durable dans toutes les parties de l’administration, la prospérité générale du royaume et le bien de tous et chacun des sujets de Sa Majesté » ; ils ne voulaient alors certainement pas des guerres et des changements qui ont suivi sans que leur vie ne s’améliore.
LES EPIDEMIES DE SUETTE
Parmi les épidémies signalées dans les registres paroissiaux par les curés de Lissac, la suette est une des plus fréquentes. Elle a sévi notamment en 1733, 1745, 1854 et 1870 (elle est appelé « picotte » en 1745).
C’est en mai 1782 qu’elle fit, semble-t-il, le plus de victimes dans notre région avec 17 décès à Saverdun, 6 à Saint-Quirc et 2 à Lissac en moins d’une semaine. Cette année-là, l’épidémie vient de Castelnaudary et touche Mazères et Pamiers début mai puis Saverdun, Lissac et Saint-Quirc mi-mai. L’épidémie s’étend probablement en suivant les routes les plus fréquentées par les voyageurs.
La suette était une fièvre miliaire ainsi appelée parce que les gens qui en étaient atteints suaient beaucoup. La maladie commençait par des maux de tête et des douleurs dans le corps ; le malade devait s’aliter à cause d’une très forte fièvre avec d’importantes sueurs et l’irruption de boutons. Lorsque la maladie s’aggravait, le malade devenait agité et parfois délirait ; elle pouvait être mortelle en vingt quatre heures. Il semble qu’on ne savait pas trop comment la soigner (boissons à base de plantes et parfois saignées).
On peut penser que l’épidémie qui a fait le plus de victimes à Lissac au cours des trois derniers siècles est certainement celle de scorbut qui, selon le curé Brunet, aurait fait plus de soixante morts en six mois en 1709.
L’épidémie de choléra de 1854 fit de nombreuses victimes en Ariège et causa la mort de cinq personnes en deux mois à Lissac (voir notice suivante).
L’EPIDEMIE DE CHOLERA DE 1854
Au cours du XIX° siècle, la maladie du choléra touche la France à plusieurs reprises. En Ariège, c’est l’épidémie de 1854 qui a laissé le plus mauvais souvenir avec 11400 morts sur 267500 habitants (environ 120000 victimes pour toute la France, l’Ariège étant le département le plus éprouvé).
Le 24 août, l’épidémie touche Pamiers où elle fera plus de 200 morts en deux mois.
A Lissac, la première victime décède le premier septembre et est inhumée le trois. Il s’agit d’Isabelle Palin, 62 ans, épouse de Godfrid Dethman ; sur le registre paroissial, en marge de l’acte de sépulture, le curé Pezet a porté la mention « époque du choléra » (le décès précédent, celui de Jean Rumeau, trois ans, date du 16 février).
On relève ensuite six autres décès à Lissac, pendant l’épidémie :
- Jean-Jacques Sol, 72 ans, époux de Caroline Sol, décédé le 6 septembre, inhumé près du moulin (cimetière protestant),
- Anne Fuziès, 48 ans, épouse de Paul Breil, décédée le 12 septembre,
- Jean Déjean, 70 ans, époux de Jeanne Gaubert, décédé le 22 septembre,
- Germain Fuziès, 48 ans, veuf d’Antoinette Ravage, décédé le 24 septembre,
- Thérèse Boyer, 72 ans, veuve de Jean Lacombe, décédée le 4 octobre,
- François Gillet, 73 ans, forgeron, époux d’Elisabeth Icart, décédé le 22 octobre.
L’épidémie de choléra se termine fin octobre et il n’y a plus de décès jusqu’à la fin de l’année. On compte au total dix décès à Lissac pour l’année 1854. D’après le curé Pezet, la moitié de ces décès seraient dus à l’épidémie de choléra ; dans sa note sur l’année 1854, il fait le commentaire suivant : « …le choléra a sévi à la fois sur toute l’Europe, les principales villes de France ont été décimées, les campagnes, surtout dans le département de l’Ariège, ont été plus maltraitées que les villes. La suette d’abord commença à faire aliter presque tous les habitants. Le choléra suivit de près et a fait une infinité de victimes. La ville de Saverdun, et surtout le village de Canté ont été très maltraités. A Lissac, j’ai compté jusqu’à soixante malades à la fois ; nous n’avons eu guère que quatre ou cinq décès cholériques ».
On peut considérer qu’avec cinq décès sur une population d’environ 370 habitants, Lissac a été peu éprouvé par cette épidémie en comparaison de l’ensemble du département. Sur la décennie 1850-1859, on compte en moyenne dix décès par an avec un minimum de 4 décès en 1850 et un maximum de 15 en 1858 (année de forte mortalité à cause de la fièvre typhoïde).
A noter que sur le registre paroissial on relève trois décès à Labatut pour l’année 1854. Ces trois décès ont eu lieu pendant l’épidémie de choléra :
- Françoise Berdoulat, 22 ans, inhumée le 4 septembre,
- Pierre Dardier, 69 ans, inhumé le 27 septembre.
- Marie Donnadieu, 2 ans, inhumée le 1° octobre.
LES PROFESSIONS EXERCEES AUTREFOIS A LISSAC
Sous l’Ancien Régime, la majorité de la population de Lissac vit de l’exploitation de la terre comme partout en France. En dehors de quelques rentiers (les seigneurs et quelques propriétaires fonciers), la plupart des hommes travaillent la terre ; il en sera pratiquement ainsi jusqu’au milieu du XX° siècle. Dans les registres des notaires ou de l’église, les hommes sont qualifiés, suivant le cas, de métayer, cultivateur, laboureur, jardinier, maître valet, domestique, granger, brassier, travailleur.
On note cependant d’autres professions exercées à Lissac, certaines relatives au travail de la terre comme forgeron mais aussi des artisans (tailleur d’habits, cordonnier, tisserand). On relève encore qu’il a eu à Lissac un notaire (Jammes de Sadirac, mentionné en 1517), un marchand (Bernard Verdais, 1575) et même un écolier (Jacques Resplandy, 1624).
Les femmes, en plus des tâches ménagères, aident certainement au travail de la terre et ne sont jamais désignées par un métier ; on sait qu’il y avait des sages-femmes (deux sages-femmes signalées en 1724).
On trouvera ci-après les professions relevées à Lissac jusqu’au milieu du XIX° siècle avec le nom de quelques personnes les ayant exercées (avec année de mention).
- Voiturier :
François Cassaing (1650), Raymond Garaud (1651), Blaise Cassaing (1656).
- Forgeron ou maréchal :
Raymond Huc (1591), Hector Huc (1656), Jean Gillet (1762), Pierre Colombiès (1785), Alexandre Gillet (1853), François Gillet (1854).
- Charron :
Vital Brousse (1798), Paul Lacombe (1831), Jean Brousse (1835), Paul Brousse (1859), Jean Lacombe (1859).
- Serrurier :
François Gillet (1785).
- Tisserand :
Jean Mimart (1734), Grégoire Lacombe (1798), Jean Castex (1863).
- Tailleur d’habits :
Pierre Garaud (1600), Bernard Garaud (1648), Bernard Bouffil (1654), François Dubarry (1749), Jean Gaubert (1798), Jean Castaing (1834).
- Cordonnier :
Arnaud Rieu (1648), Jean Rives (1702), Bernard Amouroux (1850), Jean Micheau (1860).
- Meunier :
Pierre Troy (1651), Michel Delpech (1663), Raymond Despujols (1671), Jean Danvielle (1722), Louis Abribat (1792), Bertrand Pédoussaud (1738), Antoine Fourtou (1856).
- Boulanger :
François Nicol (1721), Germain Nicol (1753), Jean Nicol (1798), Jean-Pierre Colombiès (1841), Georges Bousquet (1842).
- Cabaretier ou aubergiste :
Jean Gaubert (1799), Jean Lacombe (1844).
- Tuilier :
Jean Vidal (1793), Jacques Vidal (1793).
- Maçon-Charpentier :
Paul Breil (1831).
- Maçon :
Jean Auriac (1863).
NOMS ET SURNOMS
Jusqu’au XII° siècle environ, les personnes n’avaient que le prénom pour les désigner et des surnoms étaient souvent nécessaires pour bien les identifier. Ces surnoms, témoignant du métier, de l’origine, du caractère, de l’aspect physique des individus, etc… sont peu à peu devenus des noms transmis de génération en génération ; par exemple « Fauré » vient du métier de forgeron, « Legrand » vient de la grande taille d’une personne. Mais ce n’est qu’en août 1539 que l’ordonnance de Villers-Cotterêts rend obligatoire un patronyme transmis de père en fils avec l’usage des registres de baptême et l’utilisation du français dans les actes politiques et judiciaires.
Les surnoms ont cependant été encore longtemps utilisés sans doute pour différencier comme auparavant des personnes portant les mêmes nom et prénom mais aussi par affection de l’entourage familial ou par moquerie, voir mépris, de l’entourage local (sobriquet). Ils sont parfois cités dans les documents officiels. A Lissac, on remarque que cette pratique existe encore au XIX° siècle où l’on trouve toujours des surnoms cités notamment dans les actes des registres paroissiaux.
On trouvera ci-après quelques noms de personnes et leur surnom associé relevés au cours de nos recherches dans les diverses archives (suivis de l’année où ils sont mentionnés) :
- Jean Dargent dit « Espaniol », 1630.
- Dominique Lacombe dit « Pailhargue », 1648.
- François Cassaing dit « Souquirou », 1652.
- Antoine Lacombe dit « Frizat », 1731.
- Pierre Souquety dit « La Violette », 1732.
- Paul Rouch dit « Jacquinot », 1732.
- François Saury dit « Labrisée », 1759.
- Bernard Bouffil dit « Campanne », 1759.
- Jean Pic dit « Florizel », 1774.
- Jean Rouch dit « Balagué », 1790.
- Jean Micheau dit « Menut, 1798.
- Jean Cazalbou dit « Grangé », 1798.
- Jean Audouy dit « Tardival », 1798.
- Jean Déjean dit « Prieur », 1798.
- Jean Lauzerte dit « Miquellot », 1798.
- Henri Gaubert dit « Gallagé », 1798.
- Antoine Fusiès dit « Marquet », 1799.
- Françoise Esperce dite « Tardivaille », 1831.
- Paul Fusiès dit « La Pinço », 1832.
- Jean Mesplié dit « Jean de la Paülo », 1832.
- Jean Bouffil dit « Paoulère », 1837.
- Jeanne Rouch dite « L’ensacade », 1841.
- Jean Palmade dit « Gastou », 1844.
- Henry Amouroux dit « Le perruquié », 1845.
- Jean Gaubert dit « Champagne », 1849.
UNE REFUGIEE BELGE JUGEE A PAMIERS EN AOUT 1940
En mai et juin 1940, des réfugiés du nord de la France et de Belgique ont été accueillis à Lissac. Un comité d’accueil était chargé de les recevoir, de leur trouver un logement et leur donner un minimum de fournitures.
Cependant, quelques belges venus en car et sans doute mécontents de leur sort ont manqué de bienséance vis-à-vis de la population et de la municipalité. Le chauffeur du car, nommé Brasseur, était autoritaire et voulait tout commander. Son épouse ne devait pas être plus agréable : elle fut en effet appelée à comparaître devant le Tribunal de première instance de Pamiers, prévenue d’avoir outragé par paroles ou menaces un commandant de la force publique dans l’exercice de ses fonctions, le 6 juillet 1940 à Lissac.
Convoquée à l’audience publique du Tribunal le 8 août 1940, Madame Bouchain Couronnée, épouse Brasseur, 41 ans, sans profession, ne s’est pas elle-même présentée ni n’a présenté de moyens de défense.
Dans les attendus du Tribunal, on relève notamment « qu’il est établi par le dossier que le six juillet dernier, la prévenue réfugiée belge à Lissac, a outragé le capitaine Bier, commandant un groupement d’infanterie, Major du cantonnement de Lissac, lui disant notamment que son mari n’avait pas besoin de se déranger pour venir à son bureau, que la guerre était finie, que les militaires ne commandaient plus et qu’elle n’avait rien à voir avec la France et la République Française ; qu’elle n’avait pas à fournir de l’essence aux officiers Français pour aller se promener avec leurs poules ».
Après en avoir délibéré, le Tribunal a déclaré la prévenue convaincue du délit qui lui est reproché, la condamnant par défaut à vingt cinq francs d’amende et au remboursement des frais liquidés à quatre vingt quinze francs (contrainte par corps fixée à cinq jours).
Le 17 septembre 1940, M. Jules de Madron, Huissier près le Tribunal civil de Pamiers, résidant à Saverdun, venant signifier et donner copie du jugement à Madame Bouchain Couronnée, épouse Brasseur, n’a pas trouvé cette dernière qui avait quitté inopinément Lissac dans la nuit sans laisser d’adresse. On sait, en effet, que le groupe de belges conduit par M. Brasseur est reparti une nuit, sans rien dire à personne ; seule, une fille avait mis un papier chez Jean Donnadieu.
M. de Madron a laissé la copie du jugement à l’adjoint au maire de Lissac, M. Augustin Vidal, qui s’occupait alors des affaires municipales.
C’est dans le cadre de cette affaire que d’autres réfugiés belges hébergés à Lissac, déplorant la conduite de certains de leurs compatriotes, ont signé le 20 août 1940 une déclaration pour affirmer qu’à leur arrivée ils ont été reçus « de la façon la plus cordiale par toute la population » et remercier « le Conseil Municipal, la population entière et en particulier Monsieur l’Adjoint Vidal qui s’est entièrement dévoué pour nous ».
LES ELECTIONS MUNICIPALES DE 1925
De probables mésententes dans le conseil municipal sortant ont entraîné la présence de deux listes aux élections municipales du 3 mai 1925 : l’une conduite par M. Vincent Blanc, ingénieur aux chemins de fer, l’autre conduite par M. Léopold Verguin, propriétaire.
Ces élections sont longtemps restées dans la mémoire des habitants, deux clans s’étant fortement opposés à cette occasion.
Listes en présence :
Blanc Vincent, élu le 3 mai Verguin Léopold, élu le 3 mai
Abribat Baptiste, élu le 3 mai Bacquié Pierre
Berdoulat Edouard Breau Etienne, élu le 3 mai
Berdoulat Géraud Breau Jean-Marie
Cassaing Jean, élu le 3 mai Castex Adrien, élu le 10 mai
Donnadieu Jules, élu le 3 mai Castex Antonin
Gillet Emilien Cathala Emile, élu le 3 mai
Monnereau Dominique Lagarrigue Jean
Rauch Léopold, élu le 3 mai Mercadié Jules
Vidal Augustin, élu le 3 mai Morère François.
Le conseil municipal fut installé le 17 mai, Vincent Blanc élu maire (avec six voix contre quatre à Léopold Verguin) et Jean Cassaing adjoint.
Ces élections avaient laissé des traces, au point que des incidents ont eu lieu lors de la fête locale qui suivit, fin juin. L’organisation et le financement de la fête étaient alors à la charge des jeunes qui faisaient une souscription auprès des habitants du village ; les familles des responsables assuraient l’hébergement des musiciens, un par famille.
Le café d’Etienne Breau était situé devant l’entrée du hangar grenier et le café d’Edouard Berdoulat en face, sur la place ; le climat était pourri, les deux camps s’observaient.
Lorsqu’un jeune laissé à l’écart et qui n’avait donc pas participé à la souscription se permit d’être le premier sur la piste de danse lors du bal de l’après-midi, des incidents éclatèrent. Les adultes envahirent la piste, chaque camp étant prêt à intervenir ; les effets d’un déjeuner bien arrosé aidant, il y eut quelques bousculades et invectives, des coups furent échangés.
Suite à cette histoire, les familles étaient divisées ; de plus le maire et surtout sa femme ne faisaient rien, parait-il, pour ramener le calme dans le village…
Cette élection eut une autre conséquence : le départ du dernier curé de la paroisse de Lissac, M. Tourrou.
Lorsque M. Tourrou apprend l’élection de M. Blanc comme maire, il demande aussitôt à quitter Lissac : « Je ne veux pas avoir à frapper à la porte d’un franc-maçon », aurait-il dit.
Il sera nommé curé doyen de Tarascon en janvier 1927 et non remplacé à Lissac qui sera alors desservi par le curé de Canté, M. Rauzy.
LES ELECTIONS MUNICIPALES DE 1971
De 1945 à 2001, les élections municipales se sont toujours déroulées à Lissac en présence d’une seule liste, sauf en 1971 où deux listes se sont opposées.
Au début de l’année 1971, M. Abel Fauré, conseiller municipal dès 1934, est maire de Lissac depuis 1953. Il est en même temps une personnalité bien connue dans le département de l’Ariège, notamment par les responsabilités qu’il exerce dans le monde agricole (président de la chambre d’agriculture de 1959 à 1979).
De par ses fonctions, M. Fauré est souvent absent de Lissac, absence que beaucoup de ses administrés regrettent ; certains d’entre eux trouvent surtout qu’il néglige sa commune et pensent que par sa position et ses relations au niveau du département, il pourrait faire davantage pour Lissac.
Lorsque arrivent les élections municipales de mars 1971, la liste sortante est en partie à renouveler avec quatre conseillers à remplacer. Quelques personnes contactées par le maire auraient souhaité intégrer cette liste en nombre suffisant pour faire entendre leur voix auprès d’un maire qui accepte peu la contradiction. La constitution d’une telle liste ne fut pas possible et il n’était pas évident de constituer une seconde liste dans un aussi petit village.
M. Jean Verguin entreprit malgré tout de monter une liste complète.
MM. Fauré et Verguin étaient des personnalités de fort caractère avec des idées politiques différentes. Ils étaient tous deux estimés par la population et avaient d’ailleurs été élus sur la même liste lors des élections municipales de 1953 (cette collaboration au conseil municipal fut de courte durée).
Leur relation était cependant restée courtoise ; l’opposition entre les deux hommes va se cristalliser sur le remembrement des terres que la commune de Lissac avait demandé en 1968.
Une seconde liste complète fut donc constituée par M. Verguin. M. Fauré, politiquement bien implanté à Lissac, n’avait certainement aucune crainte pour sa réélection mais n’avait pas bien admis cette opposition. Il fut très présent à Lissac dans les semaines précédant les élections où une saine campagne fut menée par les deux listes.
Listes en présence le 14 mars 1971 :
Liste Républicaine de Gauche et de Défense des Intérêts Communaux :
- Fauré Abel, maire sortant
- Adallac Henri, conseiller sortant
- Boubila Jean, conseiller sortant
- Carrière Jean
- Castex Clément, conseiller sortant
- Doumeng Louis, conseiller sortant
- Esplas Paul
- Gillet Claude
- Lagarrigue Robert
- Mercadié François, conseiller sortant
- Rodes Léopold, conseiller sortant.
Liste d’Action Communale :
- Verguin Jean
- Azéma Léopold
- Baylac Marcel
- Charlot Jean
- Détrois Marc
- Dupré Jean
- Léoton Denis
- Nicouleau François
- Pessant Alain
- Pessant Robert
- Proudhom François.
Ces élections se déroulèrent normalement, sans aucune difficulté entre les membres des deux listes. L’ambiance était somme toute cordiale ; des candidats des deux listes prirent ensemble l’apéritif, à midi, au café Breau-Boubila … comme tous les dimanches.
Les membres de la liste de M. Fauré furent tous élus avec 75 voix environ contre 50 voix environ pour l’autre liste. Le 21 mars, le nouveau conseil municipal fut installé, Abel Fauré élu maire et Clément Castex adjoint.