LISSAC (Ariège)
 
 
L’EGLISE ET SES DESSERVANTS
 
 
 
 
L’église
 
 
 
 
L’église Saint-Jean de Lissac est très ancienne puisque, d’après le Cartulaire de Saint-Sernin, elle fait l’objet de donations à l’abbaye de Saint-Sernin dès la seconde moitié du XI° siècle (1). Au cours du XII° siècle, les chevaliers de la famille de Lissac abandonnent également leurs droits sur l’église de Lissac au chapitre de Saint-Sernin (2).
Nous savons qu’il existait un château fort à Lissac. Si l’on considère que le village s’est formé à son pied, la situation de l’église à cette époque est incertaine : on sait qu’elle fut brûlée en 1569 lors des guerres de religion et a peut-être été reconstruite à ce moment-là, près du cimetière, à son emplacement actuel (3). Mais il n’y a pratiquement aucune information sur l’église elle-même avant le XVII° siècle.
 
C’est avec les procès-verbaux des visites de l’évêque du diocèse de Rieux, dont Lissac faisait partie (4), que l’on a quelques renseignements sur la paroisse et l’église, notamment lors des visites de Mgr Jean-Louis de Bertier en 1634 et de Mgr Alexandre de Saumery en 1724 (5).
La paroisse de Lissac confrontait « du levant Labatut, annexe de Canté, midi la paroisse de Gaillac, couchant la paroisse de Saint-Quirc, septentrion le grand chemin de Cintegabelle à Saverdun » (6). L’abbé de Saint-Sernin et le recteur de la paroisse se partageaient les fruits décimaux par égales portions (7). Il y avait deux marguilliers qui devaient rendre leurs comptes devant les consuls et le curé à la fin de chaque année ; ce dernier procédait ensuite à la nomination de leurs successeurs et recevait leur serment (8).
En 1634, le curé, Pierre Laroche, dessert la paroisse avec un vicaire ; il n’y a pas de presbytère. La paroisse compte 110 communiants.
En 1724, le curé, Arnaud Brunet, n’a pas de vicaire ; le presbytère existe. Il y a une confrérie de Saint-Jean (9) dont les statuts ont été approuvés par Mgr de Bertier et plusieurs obits (10). La paroisse compte 180 communiants (11). La tribune s’étant effondrée le jour la Saint-Jean, le curé en fait faire une neuve avec les fonts baptismaux et la sacristie ; il fait également plafonner l’église, le tout à ses dépens.
On relève dans les registres de la commune, le 10 juin 1776, que le conseil politique de Lissac donne pouvoir au premier consul, François Gillet, pour se rendre à Toulouse traiter avec un fondeur du prix d’une cloche. Le même jour, il décide l’achat d’une horloge à Etienne Latour, horloger à Miremont, pour 400 livres.
 
A cette époque, l’église était plus petite qu’aujourd’hui : sa longueur devait correspondre environ à la nef actuelle et elle ne comportait que deux chapelles, l’une dédiée à la Sainte-Vierge et l’autre à Saint-Jean Baptiste. La façade d’entrée, supportant le clocher, avait la largeur de la nef. Il y avait un maître-autel en briques consacré par Mgr de Bertier, une tribune, un confessionnal et une sacristie. Il existait un reliquaire de Saint-Fanesian ( ou Saint-Flamijan) et une tête de bois représentant Saint-Jean Baptiste et qui avait autrefois renfermé des reliques (12).
 
La période révolutionnaire fut certainement riche en événements : on sait l’importance de l’Eglise sous l’Ancien Régime et les luttes menées contre elle par la Révolution ont certainement concerné tous les habitants qui, dans un petit village comme Lissac,  n’étaient sans doute pas préparés à subir toutes les transformations qui allaient se produire. Faute de registre des délibérations municipales de ces années-là, nous n’avons pas d’informations sur les événements qui ont pu concerner l’église. On sait que le curé de Lissac, Pierre Dubarry, dut s’exiler en Espagne en septembre 1792 où il est mort peu de temps après (13).
 
Au XIX° siècle, entre 1831 et 1854, d’importants travaux d’agrandissement vont être effectués et modifier l’aspect de l’église. Dans cette période, de nombreux habitants de Lissac aidèrent à leur réalisation par leur travail et leurs dons ; deux plaques peintes sur le mur à l’arrière du chœur rappellent le nom des principaux bienfaiteurs (14).
Le 9 mai 1824, le conseil municipal demande, dans une délibération argumentée  adressée à l’autorité supérieure (15), la permission d’entreprendre des travaux pour l’agrandissement de la dite église et sollicite l’envoi de l’architecte voyer pour dresser les plans et devis. Ce qui sera fait en 1826. Le 10 mai 1827, le conseil étudie le devis des travaux d’agrandissement  dressé par M. Coma, architecte du département. L’agrandissement prévoit l’adjonction de deux bas-côtés pour une dépense de 6025,39 francs.
C’est finalement sur des plans tracés par M. Pezet, curé de Lissac (16), que les travaux débutent le 2 octobre 1831 par la démolition d’une partie de l’ancienne église. Le 13 octobre a lieu la pose de la première pierre des fondements au fond du sanctuaire (chœur de l’église). Les travaux consistent en une surélévation des murailles, la construction du chœur, des chapelles dédiées à la Sainte-Vierge et à Saint-Jean et de la toiture, le tout pour une dépense de 6000 francs dont une part de l’Etat de 1800 francs (17).
L’église est bénie par Mgr de Latour Landorthe, évêque de Pamiers, le 18 juin 1832 et un chemin de croix y est établi le 30 juin 1834 (18).
Le 14 août 1835, un coup de foudre sur le clocher lézarde celui-ci et détruit l’horloge. Plus tard, un rapport de l’architecte voyer du 17 août 1841 signale le mauvais état du clocher de l’église et de la toiture du presbytère. Le 12 mai 1842, le conseil municipal estime pouvoir ramener à 3000 francs la dépense de 3910,02 francs nécessaire pour agrandir l’église et consolider le clocher.
Le clocher sera renforcé en 1843 par la construction du contrefort de droite en même temps que les nouveaux travaux d’agrandissement consistant en la construction de fonts baptismaux et des deux chapelles Saint-Paul et Saint-Roch, c’est-à-dire du bas-côté de droite (19). A noter que pour construire le contrefort du clocher, le conseil de fabrique dut demander l’autorisation « de faire abattre  et vendre un ormeau excroissant à l’endroit où doit être bâti le contrefort » (20).
En 1850, le bas-côté gauche de l’église est construit (contrefort et deux nouvelles chapelles). En 1853, la toiture est reconstruite sur quatre fermes et le plafond remplacé par une voûte « à la philibert » (21). Enfin, en 1854, est construit un bas-côté entourant le chœur et les voûtes de la nef et du sanctuaire sont décorées.
 
Ensuite, des travaux d’entretien et de décoration auront lieu :
- crépissage du clocher et de la façade de l’église en 1864,
- restauration du portail et ornement par des rosaces en bronze en 1863,
- mise en place de boiseries dans tout le parcours des chapelles et à la base des        piliers en 1866,
- construction d’un autel en marbre blanc dans la chapelle de la Sainte-Vierge (750 francs) et mise en place de marches en pierre autour de l’église et au sanctuaire (7,50 francs le mètre) en 1868,
- mise en place du carrelage en damier dans la nef et d’une deuxième marche au sanctuaire (925 francs) en 1869,
- pose et peinture du tambour de l’église et de la balustrade de la chapelle Saint-Joseph en 1870 (don du tambour à la fabrique par le curé Cazajus).
 
En 1877, de nouveaux travaux de restauration sont effectués :
- les huit croisées existantes (deux au sanctuaire et six à la nef) en forme de gueule de four sont modifiées et trois nouvelles sont ouvertes ; des vitraux sont mis en place par M. Chalons, peintre verrier à Toulouse (le tout 1000 francs),
- restauration de l’autel, tombeau et tabernacle conservés (1050 francs),
- remplacement de la balustrade en bois de la tribune par la balustrade actuelle (250 francs),
- restauration des tableaux du sanctuaire  et du chemin de croix (425 francs) et ornement du sanctuaire par du lambris en noyer,
- peinture de toute l’église par M. Sarda aîné de Pamiers (1300 francs) (22).
 
En 1900, cinq cloches ont remplacé deux cloches plus anciennes ; elles ont été bénies le 1° avril 1900 par Mgr Rougerie, évêque de Pamiers (23).  
En 1904, une nouvelle horloge est placée dans le clocher ; elle a été achetée à M. Dulon, horloger mécanicien à Carbonne pour la somme de 1000 francs.
L’église a alors l’aspect qu’elle conservera une grande partie du XX°siècle ; des  travaux de restauration ne seront à nouveau entrepris que dans la seconde moitié de ce  siècle (24).
 
En conclusion, on peut dire cette église a été fortement recomposée au XIX° siècle en conservant le portail et le clocher mur d’une église construite ou reconstruite au XVI°. Son seul intérêt architectural réside dans la frise de végétaux entrelacés située au-dessus des colonnes du portail, taillées dans la pierre et la brique ; peut-être s’agit-il de vestiges de la première église de Lissac….
 
 
NOTES
 
 
1.- Entre 1083 et 1098. Pierre Gérard, Les possessions ariégeoises de Saint-Sernin, BSA, 1987, p.55. Voir également CBF, Saverdun, p.179, qui signale une donation vers 1060.
2.- Voir chapitre La famille « de Lissac ».
3.- Voir chapitre Le village.
4.- Lissac a fait partie du diocèse de Rieux de 1317 à 1801.
- Avant 1317, deux diocèses couvraient le territoire de l’Ariège : le diocèse du Couserans, qui comprenait environ tout l’arrondissement actuel de Saint-Girons, et le diocèse de Toulouse dont relevait presque tout le reste du département. Lissac dépendait du diocèse de Toulouse.
Le pape Boniface VIII créa l’évêché de Pamiers en 1295 et nomma à ce siège Bernard Saisset ; Lissac fut compris dans ce nouveau diocèse. En 1317, le pape Jean XXII créa les diocèses de Rieux et de Mirepoix ; Lissac fit à cette date partie du diocèse de Rieux. A noter que l’église Saint-Martin de Labatut était une annexe de la paroisse de Canté alors que du point de vue féodal Lissac et Labatut relevaient du même seigneur. Ces trois diocèses, Pamiers, Rieux et Mirepoix, furent alors créés aux dépens de celui de Toulouse.
En 1801 (suite au Concordat passé entre le pape Pie VII et Bonaparte le 15 juillet 1801), le diocèse de Rieux fut supprimé. Lissac revint a ce moment-là au diocèse de Toulouse.
Le diocèse de Pamiers, tel qu’il existe aujourd’hui, fut constitué en juillet 1822, date à laquelle Lissac lui fut rattaché.
- Au XVII° siècle, le diocèse de Rieux fut organisé en « conférences » ou « congrégations », ensembles de paroisses dont les prêtres se réunissaient pour parler de sujets spirituels. Etablies par son prédécesseur, Mgr Antoine François de Bertier en fit le règlement le 23 mai 1667.
A Lissac, la conférence réunissait le 16 de chaque mois à midi les prêtres de Gaillac, Durfort, Marliac, Orsas, Justiniac, Canté, Saverdun, Saint-Julien (vicaire), Arbouville (vicaire), La Madeleine (vicaire), Grazac, Caujac, Brie, Saint-Martin d’Oydes, Saint-Etienne d’Esplas, Saint-Quirc, Labatut, Sainte-Colombe.
Ces conférences duraient deux ou trois heures, sur un sujet déterminé à l’avance ; elles étaient dirigées par un vicaire forain qui en adressait un compte rendu à l’évêque. Elles existaient toujours en 1773.
ADHG, fonds de Rieux, 2G, liasse 24.
5.- ADHG, fonds de Rieux, 2G, liasses 26, 38, 108, 109, 137.
6.- Inventaire non daté, probablement de la fin du XVII° siècle, de l’église de Lissac.
ADHG, fonds de Rieux, 2G, liasse 137.
A noter que ce sont les mêmes limites que l’ancienne juridiction de Lissac.
7.- Sur le même inventaire on lit : « On dîme le bled, le métel ou carrou, seigle, orge, avoine, foin et vin au dix, le millet et autres légumes de toute espèce au douze ».
Le méteil est un mélange de blé et de seigle cultivés ensemble.
8.- CBF, Saverdun, p.181.
9.- Les confréries se sont développées dès le Moyen-Age. Ces associations pieuses avaient pour but de rassembler les chrétiens et de pratiquer l’entraide et la charité.
La confrérie de Saint-Jean Baptiste de Lissac a été rétablie (elle existait auparavant) par le curé Brunet le 1° janvier 1709. Les confrères inscrits sur le registre de la confrérie étaient de Lissac mais aussi de nombreuses paroisses des environs. La liste s’est prolongée jusqu’au XX° siècle.
D’autre part, on relève que le 14 juin 1855 de nombreux paroissiens de Lissac ont été reçus à la confrérie de Notre-Dame du Mont Carmel, ou du Scapulaire, par Mr Benet, chanoine de Fréjus et ancien curé de Saint-Tropez, en visite à Lissac.
10.- Obit : service de messes célébrées périodiquement, durant un temps déterminé ou à perpétuité,  pour le repos et la délivrance de l’âme d’un défunt. Pour cela, avant sa mort, ce dernier faisait don d’une somme d’argent à l’église, par contrat ou par testament, à charge pour le prêtre qui en bénéficiait de célébrer ces messes. Cette somme d’argent correspondait généralement au revenu d’une maison ou d’une terre dont le prêtre avait été désigné comme usufruitier.
On relève plusieurs obits à Lissac, lors de la visite de l’évêque en 1724 :
- obit d’une messe basse tous les lundis pour le repos de l’âme de Jean d’Espagne (cinq sols de rétribution) ;
- obit fondé par Henry de Soubiran d’une grande messe de mort le 25 novembre où doivent être appelés six prêtres, chacun à dix sols ; le même jour, on doit distribuer deux sétiers de pain aux pauvres de Lissac et Labatut.
- obit fondé par Hiacynthe de Soubiran d’une grande messe de mort le 3 février où doivent être appelés six prêtres, chacun à dix sols ; le même jour, on doit distribuer deux sétiers de blé aux pauvres de Lissac et Labatut ;
- obit d’une grande messe de mort le 24 ou le 26 mars à la chapelle Notre-Dame pour Henry de Montmaur ;
- obit d’une grande messe de mort le 20 juillet à laquelle doivent être appelés quatre prêtres sous la rétribution de dix sols pour le repos de demoiselle Marguerite de Soubiran.
On relève par ailleurs les noms des obits dits des Pujols, de Maury et de Dardarat.
11.- Ce procès-verbal de visite indique qu’ « il y a deux sages-femmes qui sont instruites ». A cette époque, la mortalité à la naissance étant élevée, en cas de risque de décès du nouveau-né les sages-femmes pratiquaient l’ondoiement, c’est à dire un baptême d’urgence réduit à l’essentiel.
12.- A noter qu’en 1759, lors de la vente de l’argenterie des églises par ordre de Louis XV, M. Dubarry, curé de Lissac, abandonna au trésor une lampe d’argent qui avait coûté 120 livres.
CBF, Saverdun, p. 182 (d’après ADHG, fonds de Rieux, liasse 26).
Dans le compte-rendu de visite de l’évêque de Rieux en 1724, on relève que Monsieur de Montmaur a laissé cent écus à l’église pour acheter une statue de la Vierge et une lampe d’argent pour la chapelle Notre-Dame ; pour la dite lampe il a légué deux livres d’huile d’olive chaque année à perpétuité (Henry de Soubiran, sieur de Montmaur, était mort en 1688).
13.- Voir pour ces événements les chapitres qui suivent sur Les curés de Lissac et sur La période révolutionnaire.
14.- Deux espaces peints sur le mur portent les noms des principaux bienfaiteurs :
 
« NOM DES PRINCIPAUX BIENFAITEURS DE CETTE EGLISE
Françoise MARTY dée le 26 novembre 1831
Mlle Marie DUBARRY dée le 25 février 1832
Marie GILLET dée le 25 décembre 1832
Marie CANTEGRIL dée le 24 décembre 1836
Jean LABOUCHE dé le 26 juillet 1842
Jean LACOMBE Aîné dé le 10 mai 1844
Théodore DECAMPS dé le 2 février 1845
Mlle Françoise BERDOULAT dée le 10 décembre 1847
Thérèse BOYE dée le 3 octobre 1854
Godfrid DETHMAN Prussien dé le 22 décembre 1854
Bernarde DUPRAT
Mme Charlotte CAUJET née DETHMAN
                                                 PRIEZ POUR EUX »
 
Sur un troisième espace, au milieu, est écrit : « AD PERPETUAM REI MEMORIAM. PAULUS PEZET CURIO, DIREXIT EDIFICATIONEM ET ORNAMENTUM HUJUS SANCTI TEMPLI. ANNO MDCCCLV ».
15.- Le conseil municipal considère que l’église se trouve dans un beau site, que des chemins agréables y conduisent et qu’il y vient de nombreux fidèles, en plus de ceux de Labatut, Canté et Saint-Quirc dont l’église est sur une élévation où l’on ne peut parvenir que par une côte rapide et très peu praticable en hiver.
16.- Note de M. Pezet (curé de Lissac de 1830 à 1868) inscrite à la fin du registre de la paroisse, 1830-1847.
17.- Des terrains communaux sont vendus le 15 avril 1832 pour un total de 1646 francs, produit destiné aux réparations de l’église (l’arpentage et l’estimation de plusieurs parcelles de biens communaux avaient été faits le 1° mars 1831 par M. Lacombe, arpenteur géomètre de Saint-Quirc).
18.- Sur la première page du registre de la paroisse, 1830-1837, est portée la note suivante :
 « Nous, Alexandre Dupla, curé de Mirepoix, chanoine honoraire de Pamiers, conformément à la délégation de Monseigneur l’évêque de Pamiers qui nous a été transmise par Mr Moutet, vicaire général du même diocèse, par écrit, sous la date du 28 juin 1834, et sur l’invitation écrite de Mr le curé de la Paroisse de Lissac au susdit diocèse en date du 27 juin de la même année, et en présence des soussignés, avons érigé ce jour dans la dite église de Lissac le chemin de la croix, autrement via crucis, avec toutes les formalités et cérémonies requises ; en conséquence, tous les fidèles qui visiteront les Stations selon la teneur de l’Indult accordé à Monseigneur l’Evêque et rempliront les conditions prescrites, pourront gagner chaque fois toutes les Indulgences que les Souverains Pontifes ont attachées à cette dévotion.
A Lissac, le 30 juin 1834.
Alexandre Dupla, curé de Mirepoix.
Lacoste, curé chanoine honoraire de Montaut.
Perrier, curé de Canté.
Pezet, curé de Lissac. »
19.- Ces travaux ont été donnés par adjudication le 28 mai 1843 à Joseph Duc, maçon à Lagardelle, qui offrait un rabais de 9% sur le montant des ouvrages, la mise à prix étant de 3000 francs. Sans ornement, il y avait pour 1450 francs de travail ; la commune s’imposa de 1500 francs, la fabrique de 500 francs et le département donna 450 francs.
En 1844, l’ornement des nouveaux fonts baptismaux fut réalisé ainsi que la construction des voûtes des chapelles Saint-Paul et Saint-Roch. La décoration de ces deux chapelles fut exécutée en 1846 par des ouvriers italiens : construction des autels, peinture des arceaux et voûtes, sculpture sur place des statues des deux saints.
20.- Lettre du 20 janvier 1843 du sous-Préfet de Pamiers au maire de Lissac.
Dans son ouvrage Inquisition à Pamiers, Edtions Privat, 1966, Jean Duvernoy écrit la note suivante, p. 32 : « Chaque village avait sur la place, généralement celle de l’église, un ormeau sous lequel s’assemblaient les hommes à la sortie de la messe pour deviser des affaires communes. C’est une tradition celtique ou germanique ».
D’après des procès-verbaux d’assemblées des habitants de la communauté, cela se passait ainsi à Lissac : c’est devant l’église, après la messe ou à l’heure des vêpres, que les consuls réunissaient les habitants du village pour les informer ou prendre des décisions sur des problèmes concernant les affaires de la communauté. Cette réunion se passait parfois dans l’église, peut-être en cas de mauvais temps.
21.- Du nom de l’architecte français Philibert Delorme (1514-1570). Constructeur et théoricien, Philibert Delorme a conçu un type de charpente esthétique et résistant tout en  laissant apparaître un volume important.
22.- L’inscription  « SARDA PEINTRE 1877 CAZAJUS CURE » était visible depuis le choeur sur l’arc séparant ce dernier de la nef.
23.- Ces cinq cloches sont (nom et poids) :
- 1° étage : Marie-Louise, 40 kg.
- 2° étage : à gauche, Germaine, 180 kg ; à droite, Jeanne, 70 kg.
- 3° étage : à gauche, Joséphine, 300 kg ; à droite, Maria, 600 kg.
Les marraines étaient : Marie-Louise Cazajus, sœur du curé, Germaine Berdoulat , Jeanne Mourère,  Joséphine Bacquié et Maria Vidal.
24.- Notamment la réparation du dessus du clocher en 1953, la peinture de tout l’intérieur de l’église vers 1980 et la rénovation de la façade d’entrée et du clocher en 1989.
 
 
 
 
 
 
 
Personnes enterrées dans l’église
 
 
 
 
Entre 1663 et 1773, on relève le nom de personnes enterrées dans l’église ; il s’agit surtout des membres des familles seigneuriales et des curés de Lissac :
 
- Pierre d’Orbessan, en février 1663.
 
- Jean-François d’Orbessan, époux d’Anne de Vandomois, le 16 octobre 1697, dans le chœur.
 
- François d’Orbessan, en mars 1707.
 
- Mlle M. Cussol de Soubiran, 60 ans, le 23 septembre 1711, devant la chapelle N.-D. (décédée à Mauran la veille).
 
- Dame Françoise de Pontault du Sollier, 60 ans, le 4 décembre 1712, devant la chapelle N.-D.
 
- Noble Henri de Soubiran, coseigneur de Lissac, 66 ans, le 2 septembre 1714, dans le chœur (décédé la veille).
 
- Noble Jacques de Crouty du Sollier, coseigneur de Lissac, 70 ans, le 10 novembre 1714, dans le chœur.
 
- Marie Brunet, mère du curé de Lissac, 80 ans, le 1° mars 1715, près du bénitier (décédée la veille).
 
- Noble Guillaume du Vivier, 5 mois ½, le 23 septembre 1717, dans le chœur.
 
- Dame Anne de Vandomois, épouse de feu Jean-François d’Orbessan, seigneur de Lissac, 84 ans, le 12 décembre 1717, dans le chœur.
 
- Germaine du Sollier, 3 ans, le 9 septembre 1719, devant l’autel de N.-D.
 
- Maître Jean Cassaigne, de Landorthe (diocèse de Comminges), neveu de M. Brunet (curé de Lissac), bachelier en théologie, 21 ans, le 6 avril 1724, près du bénitier (décédé le 4).
 
- Dame Marie de Soubiran, « seigneuresse » de Lissac, 75 ans, le 22 mars 1726, dans le chœur, près de la grande pierre sépulture de ses ancètres (décédée le 21).
 
- Dame Marie de Jalabert, épouse de Henri du Solier, seigneur de Lissac, 36 ans, le 17 décembre 1728, devant la chapelle N.-D. (décédée la veille).
 
- Jeanne Françoise Sarrut, fille de M. Jean Sarrut, avocat au Parlement, et de Jeannette Soula, 5 ans, le 18 novembre 1730, près du bénitier, côté droit du bénitier en entrant dans l’église (décédée la veille à Bramefam).
 
- Dame Andrée de Sirgant, épouse de Pierre-Gaston d’Orbessan, seigneur de Lissac, 66 ans, le 13 novembre 1733, dans le sanctuaire (décédée le 11 dans son château de Labatut).
 
- Messire Henri du Solier, seigneur de Lissac et Labatut, 60 ans, le 20 novembre 1738, devant la chapelle N.-D. (décédé la veille).
 
- Domenge Brunet, sœur du curé de Lissac, 69 ans, le 20 décembre 1738, devant la table du pain bénit (décédée la veille).
 
- Messire Henri du Vivier, seigneur de Lissac, 71 ans, le 15 juin 1758, dans le chœur, sous la grande pierre, lieu de sépulture de ses ancètres (décédé le 13).
 
- Maître Arnaud Brunet, curé de Lissac, 88 ans, le 10 mai 1759, près des fonts baptismaux (décédé le 8 dans la maison curiale).
 
- Dlle Marguerite du Vivier, 66 ans, le 9 septembre 1760, devant la chapelle N.-D. (décédée le 7).
 
- Maître Louis de Pradines, ancien curé de Canté, 77 ans, le 20 février 1772, près de la pierre de la sépulture de Maître Brunet (décédé le 18 dans la maison de Dlle Cassaigne).
 
- Dame Jeanne du Solier, épouse de André David de Barrière, coseigneur de Lissac et Labatut, 54 ans, le 21 août 1773, dans le sanctuaire, au-dessous de la sépulture de MM. les curés de Lissac (décédée le 19).
 
 
 
A partir de 1776, l’inhumation dans les églises fut réglementée par la déclaration royale du 10 mars de cette même année (elle concerne également les cimetières) :
Article 1 : « Nulle personne, ecclésiastique ou laïque, de quelque qualité, état et dignité qu’elle puisse être, à l’exception des archevêques, évêques, curés, patrons des églises et hauts justiciers et fondateurs de chapelles ne pourra être enterrée dans les églises, même dans les chapelles publiques ou particulières ».
Article 2 : « Les cimetières qui placés dans l’enceinte des habitations pourraient nuire à la salubrité de l’air, seront portés, autant que les circonstances le permettront, hors de la dite enceinte ».
 
 
 
 
 
 
 
 
Les curés de Lissac
 
 
 
 
Le plus ancien curé de Lissac dont on trouve mention s’appelle Arnaud Got : il est cité dans un document du 2 octobre 1234, extrait par Doat des archives de Boulbonne (1), d’où il ressort que « l’abbé de Boulbonne et le prieur de Saverdun nomment Arnaud, médecin (phisicus), leur procureur fondé pour paraître en présence de l’official de Toulouse, et terminer le procès qu’ils avaient au sujet des dîmes d’Ampoulhac et de Saint-Jean de Lissac, usurpées sur eux par Arnaud Got, desservant de cette église » (2).
 
On ne retrouve ensuite que beaucoup plus tard, après 1500, quelques noms de prêtres ou de vicaires de cette paroisse, notamment dans des actes de notaire.
 
C’est à partir de 1623, avec Pierre Laroche, fils d’un marchand de Puydaniel (3), que l’on connaît tous les prêtres qui se sont succédés à Lissac (4).
Parmi eux , on remarquera plus particulièrement :
- Antoine de Lamire ( ou La Mire), docteur en théologie, qui fut titulaire de la cure pendant plus de 50 ans. Il mourut le 14 novembre 1707 à un âge avancé et a été enterré dans le cimetière, près de la croix (ancien cimetière).
- Arnaud Brunet qui nous fait vivre son époque avec ses « annales » : il notait sur le registre de la paroisse, à la fin de chaque année, les principaux événements relatifs à la rigueur du temps, au rendement des récoltes, aux épidémies, et autres renseignements. Il commença ces observations annuelles en 1709, peut-être à cause de l’hiver particulièrement rigoureux cette année-là, un des plus rigoureux que la France ait connu. Il était prêtre à Landorthe, diocèse de Comminges, lorsque Antoine de Lamire, atteint de grave maladie, lui résigna la cure en 1707. Il organisa en 1709 la confrérie de Saint-Jean Baptiste. Il mourut le 8 mai 1759 à Lissac où il fut enterré dans l’église.
- Les curés Dubarry, oncle et neveu, qui se succédèrent à Lissac où ils étaient nés et qui durent émigrer en Espagne à la Révolution. Leurs biens furent vendus comme biens nationaux. Pierre Dubarry, neveu, mourut en exil (5).
- Joseph Tisseire, originaire de Montaut, également prêtre émigré. Il avait été vicaire à Lissac avant d’en devenir le desservant en 1802. Il semble qu’il ne pouvait bien assurer son ministère à cause de graves infirmités.
- Le curé Pezet qui, si l’on en croit ses observations sur les registres de la paroisse, a beaucoup fait pour la restauration de l’église au XIX° siècle ; il a également écrit une Histoire du comté de Foix (6).
En dehors de la période de 1822 à 1830 où la paroisse est desservie par le curé de Saint-Quirc (5), il y aura un curé à Lissac jusqu’en 1926. A cette date, la paroisse est desservie par le curé de Canté puis, ensuite et jusqu’à nos jours, par le curé de Saint-Quirc ou de Saverdun.  
Sous l’Ancien Régime, les prêtres vivaient des richesses de l’église, biens fonciers et dîme. En 1634, nous voyons le curé Pierre Laroche se plaindre auprès de Mgr Bertier, évêque de Rieux, lors de sa visite paroissiale, de l’insuffisance des fruits décimaux et demander la portion congrue qui est adjugée par l’évêque au prix de 200 livres (7).
Dans une déclaration faite le 29 novembre 1790, Pierre Dubarry oncle, ancien curé de Lissac, indique qu’il s’était réservé lors de la résignation de la cure à son neveu « le tiers en nature qui se porte annuellement à 675 livres 8 sols ». Le  bénéfice en entier fut évalué à la somme de 2026 livres 4 sols. Il bénéficiait en plus de l’obit appelé « des Pujols », soit 50 livres (8).
 
Lors de la Révolution, l’Eglise et le clergé perdirent leurs biens et aussi leurs attributions concernant l’état civil. De plus, la Constitution civile du clergé (votée par l’Assemblée constituante le 12 juillet 1790) qui prévoyait l’élection des prêtres et leur rétribution par l’Etat et à laquelle les prêtres devaient prêter serment, divisa le clergé en prêtres assermentés ou « constitutionnels » et prêtres insermentés ou « réfractaires ».
Ces derniers, dont faisaient partie les Dubarry oncle et neveu, furent persécutés, certains déportés et même massacrés. Dans ces années mouvementées, certains prêtres réfractaires résistèrent en se cachant dans des métairies où ils étaient protégés tout en continuant à exercer quelques actes de leur ministère (9). On peut supposer que dans les petits villages comme Lissac la pratique religieuse ne fut pas trop délaissée.
 
Bonaparte rétablit la paix religieuse avec le Concordat signé le 15 juillet 1801 avec le pape Pie VII, l’entretien des prêtres restant à la charge de l’Etat. La rémunération des prêtres étant sans doute insuffisante, on voit la commune accorder des suppléments de rémunération au curé Tisseire. Dans sa séance du 18 mai 1817, le conseil municipal, considérant que depuis le 22 janvier 1802 M. Tisseire remplit les fonctions de desservant de Lissac avec la réunion de la commune de Labatut, autrefois annexée à Canté, propose une augmentation de 500 francs de son traitement, à charge pour lui de « donner le bis » les dimanches et jours de fête. Cette proposition n’ayant  pu être appliquée suite à l’opposition du préfet, le conseil et les plus forts contribuables décident alors d’accorder un supplément de traitement de 350 francs, le reste à la charge de Labatut. Des suppléments seront également accordés les années suivantes.
 
En 1861, le curé Pezet indique que « la somme de deux cents francs allouée par la commune depuis un temps immémorial » lui a été supprimée, conséquence des différends qui l’ont opposé à des membres du conseil municipal et aussi à l’instituteur (10).
 
En 1885, le conseil municipal vote en faveur de la fabrique de l’église une subvention de 200 francs qui sera payée jusqu’à la séparation de l’Eglise et de l’Etat en 1905. En 1906, le conseil vote une allocation temporaire de 200 francs pour le curé de Lissac. Cette délibération, modifiée par le préfet, stipule que pour les deux premières années, 1906 et 1907, l’allocation est entière. Elle est ensuite réduite aux 2/3 pour 1908 et 1909, à la moitié pour 1910 et 1911 et au 1/3 pour 1912 et 1913.
 
 
 
LISTE DES CURES DE LISSAC
 
Année où les curés sont mentionnés :
1234   Arnaud GOT
1501   Pierre DARDIER
1542   Pierre DESSUS
1554   Paul JOURDA
1580   François AUDRENS (ou DANDREAU)
1587   Jean MAURY
1597   Jean MOINIER
1609   Jacques MOINIER
 
Année de prise de possession de la cure :
1623   Pierre LAROCHE
1649? Pierre CUJAUX
1649   Pierre de DURFORT
1655   Antoine de LAMIRE
1708   Arnaud BRUNET
1753   Pierre DUBARRY, oncle
1786   Pierre DUBARRY, neveu
1792   LAROCHE, curé constitutionnel
1802   Joseph TISSEIRE
1822   Curé de Saint-Quirc
1830   Paul PEZET
1868   Th. CAZAJUS
1902   Elphège TOURROU
1926   J. RAUZY, curé de Canté
           Jean LACOUME, curé de Saint-Quirc
           Victor SAINTE-CROIX, curé de Saverdun
           Roger PAGES, curé de Saverdun
           Roger DEIXONNE, curé de Saint-Quirc
1960   Jean FERRAN, curé de Saint-Quirc
1996   Gilles RIEUX, curé de Saverdun
2002   Bertrand de SENTENAC, curé de Saverdun
 
 
QUELQUES VICAIRES
 
Année où les vicaires sont mentionnés :
1607   Jean BALONDRADE
Raymond MONIER
1635   Jean DUFOUR
1651   Vidian BAILLAC
1652   Antoine LAMARQUE
1654   Pierre PONS
Arnaud BACCOU
1708   Jean PROJAN
1714   FORNICI (originaire de Canté)
178..   Joseph TISSEIRE
 
 
NOTES
 
 
1.- Les archives de Boulbonne ont totalement disparu, probablement à la Révolution, mais il reste une copie de certaines pièces de ces archives dans la Collection Doat, aux Archives Nationales, copies exécutées par ce dernier au XVII° siècle et dont l’Histoire Générale du Languedoc donne le dépouillement intégral (tome VIII, c.1883).
2.- HGL, tome VIII, c.1901, pièce CVII.
Ce document atteste également de l’ancienneté des contestations de territoire dans cette plaine de basse Ariège.
3.- Pierre Laroche était le fils de Pierre Laroche, marchand de Puydaniel, et de Jeanne Claverie qui eurent six enfants. Son frère aîné, Jean Laroche, a acheté en 1631 la métairie de Vernou aux frères Loumaing, marchands de Saint-Quirc. Sa sœur, Bertrande, a épousé la même année Bernard Sénac de Saint-Quirc.
Pierre Laroche fut curé de Lissac en 1623 puis de Caujac vers 1649. Il résigne la cure de Lissac en faveur de Pierre Cujaux qui décède en 1649 probablement sans en avoir pris réellement possession (Jean Gout, notaire à Caujac, ADHG, 3 E 23O4). On relève, en effet, que le 9 novembre 1649 Pierre Laroche met Pierre de Durfort en possession de la cure de Lissac (Gasc, notaire à Caujac, ADHG, 3 E 24562).
Pierre Laroche fit un premier testament au château de Grazac le 25 août 1656 (Antoine Villespy, notaire à Auterive), puis un deuxième à Caujac le 13 novembre 1665. « Comme ayant été recteur de l’église Saint-Jean de Lissac, il lègue à cette église la somme de cent livres payables dans l’an de son décès pour être employée selon l’avis de Mtre Antoine de La Mire, recteur actuel de Lissac ».
Il fut détenu à la prison des Hauts-Murats à Toulouse en 1664 et mourut vers 1668. Son testament fut ouvert le 16 octobre 1670 à Caujac (Gillet, notaire à Cintegabelle).
D’après CBF, Notes, n° 51, BU Arsenal Toulouse et Registres de notaires, ADHG.
4.- Les principales sources utilisées sont les registres paroissiaux (ADA), le fonds de Rieux (ADHG), Le mémorial des curés de Lissac au XVIII° siècle de l’abbé Louis Blazy et les notes de l’abbé Fauroux, ancien archiviste du diocèse de Pamiers.
5.- Voir ci-après le chapitre Les curés Dubarry, Tisseyre et Pezet.
6.- M. Tisseire, curé de Lissac, meurt en 1822 et n’est pas remplacé.
On note , le 14 mai 1826, la demande du conseil municipal à l’évêque de Pamiers de remplacer le desservant décédé car celui de Saint-Quirc ne peut suffire aux deux paroisses : « Le binage qui est fait par le prêtre desservant la paroisse de Saint-Quirc est insuffisant…principalement…par les inconvénients qu’entrainent la rivalité entre communes pour ce double service ».
A.C. Lissac.
7.- ADHG, fonds de Rieux, 2G, liasses 108 et 109.
Portion congrue : sous l’Ancien Régime, revenu nécessaire à la subsistance et à l’entretien de celui qui remplissait une charge ecclésiastique. 
8.- Notes de M. l’abbé Fauroux, ancien archiviste du diocèse de Pamiers.
9.- C’est le cas, par exemple, du curé de Cintegabelle, M. L’Héritier, qui se cachait à Lissac dans la maison dite du Saraillé. Il semble que depuis Lissac il allait, la nuit, visiter ses paroissiens à Cintegabelle pour les encourager à lutter contre le nouveau régime.
Un registre des baptêmes, établi en 1832 par M. Prosper de Fleyres, curé de Cintegabelle, montre que des prêtres réfractaires baptisaient « en cachette » des enfants de cette ville. On relève que Jeanne L. fut baptisée à Lissac, maison du Sarraillé, par M. L’Héritier.
R. Armengaud, Cintegabelle Un village du Languedoc, série d’articles publiés dans le journal La Croix du Midi de juin 1966 à mars 1971.
La maison du Saraillé désignait peut-être la métairie de Mauran car, à cette époque, le chemin du Saraillé partait du chemin allant de Lissac à Bramefam, au fond de la parcelle où se trouvait la métairie de Mauran, parcelle dite « champ de la croix » ; la croix du Saraillé se trouvait à l’embranchement de ces deux chemins.
10.- Note du curé Pezet à la fin de l’année 1861 sur le registre paroissial (voir annales).
 
 
 
 
 
 
 
Les curés Dubarry, Tisseire et Pezet
 
 
 
 
LES CURES DUBARRY, ONCLE ET NEVEU
 
Les curés Pierre Dubarry, oncle et neveu, sont nés à Lissac où ils se succédèrent comme prêtres de la paroisse.
 
Bernard Dubarry, originaire de Polastron, diocèse de Lombez, habitait à Lissac où il était au service de Pierre-Gaston d’Orbessan, seigneur de Lissac. Il épouse Jeani Cabos, de Lissac, le 21 aoùt 1715 (1) ; ils ont un fils, François, né en mai 1716 et Jeani Cabos décède le 11 octobre 1716.
Bernard Dubarry se remarie en 1717 avec Marie Revel et le 20 mars 1718 naît à Lissac Pierre Dubarry, futur curé de cette paroisse,  où il est baptisé le lendemain. Naissent ensuite Marie Arnaud en avril 1720, Marguerite en janvier 1722 et Blaise en juillet 1723. Marie Revel décède à l’âge de 50 ans et est enterrée à Lissac le 5 mars 1737.
Pierre Dubarry est fait prêtre à Mazères le 22 septembre 1742 par Mgr de Chaullon, évêque de Mirepoix. Il chante sa première messe dans l’église de Lissac le 7 octobre 1742 et devient alors vicaire à Saverdun. Arnaud Brunet lui résigne la cure de Lissac le 30 juin 1753 ; il signe son premier acte (une sépulture) comme curé de Lissac le 15 juillet 1753 (2).
 
Le 4 août 1749 à Saverdun, François Dubarry, tailleur d’habits, épouse Marie Cazajus en présence de M. Brunet, curé de Lissac, et de Pierre Dubarry, prêtre vicaire de Saverdun (3). Ils ont deux enfants, Marie Bernarde, née le 14 mai 1752 et Pierre, né le 25 mars 1754, futur curé de Lissac. François Dubarry décède le 13 janvier 1755 et son père, Bernard, décède le 8 avril 1769 à l’âge de 88 ans.
Pierre Dubarry, neveu, est ordonné prêtre le 13 juin 1778 et devient vicaire de Lissac, adjoint de son oncle, prêtre de la paroisse. Il signe son premier acte le 31 août 1778 (baptème de Germain Fusiès). Pierre Dubarry, oncle, lui résigne la cure dont il prend possession le 24 juin 1786.
Pierre Dubarry, oncle, signe son dernier acte « Dubarry curé de Lissac » le 18 juin 1786. Après avoir résigné la cure en faveur de son neveu, il signe encore des actes dans le registre de catholicité « Dubarry ancien curé de Lissac », le premier étant le 11 juillet 1786.
 
Mais les événements liés à la période révolutionnaire obligent les curés Dubarry à cesser leur ministère en juillet 1792 : Pierre Dubarry, oncle, signe son dernier acte le 6 mars 1792 et son neveu le 6 juillet 1792. Ne voulant pas prêter serment à la Constitution civile du clergé et devant les risques encourus par les prêtres réfractaires, ils doivent s’exiler en Espagne comme de nombreux prêtres de la région, en passant par Puigcerda (4).
M. Laroche, ancien curé d’Auterive, prêtre constitutionnel, leur succède et signe son premier acte à Lissac le 7 septembre 1792.
 
Pierre Dubarry, neveu, meurt en Espagne en mai 1793 (5) ; il avait 39 ans.
Son oncle revient à Lissac à une date à préciser, peut-être en 1795 lorsque le sort de la religion s’est amélioré en France (6). En septembre 1797, alors que les rigueurs pèsent à nouveau sur les prêtres réfractaires (7), l’agent municipal de Lissac déclare à l’administration du canton de Saverdun au sujet du curé Dubarry qu’ « il n’est pas encore sorti » (8). On ne sait s’il se cachait, à Lissac où dans les environs, ou s’il ne revint vraiment qu’après décembre 1799, quelques semaines avant sa mort (après la mesure du Premier consul ordonnant le retour en France des ecclésiastiques déportés sans jugement).
Pierre Dubarry, oncle, meurt à Lissac le 4 germinal an VIII (24 mars 1800) à l’âge 82 ans (9).
 
Les biens des curés Dubarry, consistant en une maison, une remise et huit pièces de terre, furent vendus le 29 floréal an II (18 mai 1794) et leurs effets et meubles le 1° messidor an II (19 juin 1794). Le 21 novembre 1828, leur unique héritière, Marie Bernarde Dubarry fut indemnisée de la dépossession des biens par une indemnité de 4632,75 francs (10).
Marie Bernarde Dubarry mourut à Lissac, âgée de 80 ans, où elle fut enterrée le 26 février 1832 sous la croix de fer du cimetière.
A noter que l’autel et le bénitier en marbre de l’église de Lissac ont été donnés par le curé Pierre Dubarry (oncle, probablement) d’après M. Pezet (11).
 
LE CURE JOSEPH TISSEIRE
 
Joseph Tisseire est né à Montaut le 18 décembre 1755, fils de Philippe Tisseire, avocat au Parlement, et de Claire Antoine de Faurie, mariés à Montaut le 4 février 1750 (12).
Diacre de Pamiers, il est ordonné prêtre le 25 mai 1782 par l’évêque de Mirepoix, au palais épiscopal et devient vicaire, à Lissac puis à Villeneuve du Paréage de 1785 à 1792.
Lui-même (en tant que prêtre réfractaire) et sa famille (un frère guillotiné à Paris sous la Terreur) furent durement touchés par la période révolutionnaire (13).
 
En 1792, il refuse de prêter serment à la Constitution civile du clergé et émigre en Espagne. Il possédait des biens à Villeneuve du Paréage et Montaut (constat de l’émigration par l’administration du district de Mirepoix).
Il revient en France à une date à préciser (peut-être en 1795 ?).
Il adresse ensuite en 1797 aux administrateurs du canton de Mazères une pétition pour être autorisé, vu ses infirmités, à rester chez lui. On lit sur les registres de Mazères, 1° cahier, p.72-73, 17 vendémiaire an VI (8 octobre 1797) : « Malgré les infirmités considérables dont il souffrait en 1792 », il crut devoir préférer les « bienfaisances d’une tante à Barcelone plutôt que de croupir dans une maison de détention où la faiblesse de son tempérament aurait sans doute succombé. Son état, bien loin de s’améliorer, n’a fait que devenir plus alarmant pour lui depuis son premier exil ; il a essuyé plusieurs maladies, auxquelles ses médecins n’ont reconnu aucun moyen efficace de guérison, jusqu’à une paralysie sur la langue qui éteint presque sa voix, le mettant dans l’impossibilité d’obéir dans le moment à la nouvelle loi qui le proscrit du territoire français, et pour cette raison, il espère de votre humanité que vous le dispenserez encore, quoique d’un âge plus avancé, de subir dans une aussi triste situation, soit une réclusion, soit tout autre éloignement de son propre foyer ».
L’administration municipale de Mazères le renvoie, ce même jour, « à se pourvoir devant l’administration centrale pour obtenir d’elle ce que de droit ». Doumenc, officier de santé, certifie le même jour que le dit « Tisseire est tourmenté depuis plusieurs années d’une affection spasmodique dont la suite est la paralysie incomplète du bras gauche, que sa maladie a résisté à tous les remèdes que l’art suggère dans ce cas et qu’il est impossible d’entreprendre un long voyage ».
Le 6 brumaire an VI (27 octobre 1797), l’administration du département renvoie la pétition à l’administration municipale du canton de Mazères pour s’assurer de la véracité des faits, déclarer si le pétitionnaire peut voyager sans danger pour sa vie et donner son avis sur le tout : « On ne doit, disent-ils, accorder aucune faveur à ces individus ; le pétitionnaire ne peut être dispensé de la déportation que par des infirmités si graves qu’il ne puisse voyager sans danger pour sa vie » (14).
 
On ne sait quel sort fut réservé au curé Tisseire à cette époque ; on le retrouve en 1802 comme desservant de Durfort. Il est nommé la même année curé de Lissac où il restera jusqu’à sa mort, dans la maison presbytérale, le 7 novembre 1823. Il avait 68 ans. Considéré comme bon prêtre, il était très infirme dans ses dernières années et pouvait à peine dire la messe.
Un nouveau prêtre ne fut nommé à Lissac qu’en 1830 avec le curé Pezet.
 
LE CURE PEZET
 
Né à Montaut en 1802, fils de Guillaume Pezet et de Jeanne Ourgaud, Paul Pezet devient curé de Lissac en 1830. Il vient d’Unac, paroisse qu’il doit quitter sur dénonciation des administrateurs provisoires de l’Ariège lors de la Révolution de 1830 pour avoir manqué à l’autorité locale (15).
A Lissac, il commence le registre des actes de naissances, mariages et décès le 18 octobre 1830. A la manière du curé Brunet, il a noté chaque fin d’année des renseignements sur le temps, les récoltes,…mais aussi sur les travaux à l’église et ses relations avec le conseil municipal ; à travers ses écrits il apparaît comme un homme actif et de fort caractère ; il porte quelques jugements sur le maire et les habitants du village. Son successeur, M. Cazajus, continuera ces « annales ».
Malgré l’exercice de son ministère et la reconstruction de l’église à laquelle il prit une grande part, M. Pezet trouve le temps d’écrire une Histoire du pays de Foix qui sera publiée en 1840 sous le nom d’auteur «  Par un prêtre du diocèse de Pamiers » (16).
Paul Pezet meurt à Lissac le 29 janvier 1868, à l’âge de 65 ans. Il a été inhumé le lendemain « avec la cérémonie due à son caractère » par M. Canal, curé Doyen de Saverdun, en présence des curés de Saint-Quirc, Canté, Montaut, Mazères, Gaillac et du curé Doyen de Cintegabelle (17).  
Entre toutes ses notes, nous reproduisons  ci-après celle qu’il écrivit à la fin du registre en 1847 et dans laquelle il fait un bilan de ses dix-sept premières années passées à Lissac avec, notamment, les travaux à l’église.
 
 
A la fin du registre de la paroisse, 1830-1847, M. Pezet, écrit :
 
« Avant de clore le présent livre des registres, il me paraît bon ici de donner un coup d’œil rétrospectif sur les dix-sept années qui se sont écoulées depuis que j’ai été nommé curé de Lissac.
On peut comprendre facilement dans quel état d’ignorance et d’indifférence en matière de religion j’ai trouvé cette paroisse qui, après avoir été confiée durant vingt deux ans à un prêtre atteint de paralysie, ne pouvant ni marcher ni guère parler, resta après la mort de ce saint prêtre obligée de recourir aux paroisses voisines durant l’espace de huit ans. Dès la première année, j’entrepris des catéchismes qui furent suivis avec avidité, j’eus la consolation de voir toute la population docile à mes avis se présenter pour la réception des sacrements.
L’église de Lissac était à cette époque très insuffisante pour contenir toute la population, on ne pouvait s’y remuer, il n’y existait point de chapelle, je ne pouvais faire dans la nef ni aspersions ni processions. J’ai dû aviser aux moyens d’agrandir cet édifice ; j’annonçai une quête générale qui produisit onze cents francs ; il se trouva quatre familles dans le village qui refusèrent de prendre part à cette belle œuvre dont on ne pouvait contester l’utilité.
Je dressai moi-même le plan de l’église, tous les jours je me rendais au chantier pour encourager les habitants qui vinrent chacun à leur tour faire toutes les corvées nécessaires. Des dons particuliers, obtenus de la part de quelques bonnes personnes, des secours que j’ai sollicités auprès du gouvernement, qui m’a envoyé en plusieurs reprises la somme totale de dix-huit cents francs, quelques ressources qui étaient en mon pouvoir, m’ont mis à même de construire le sanctuaire, les chapelles de la Ste-Vierge et de St-Jean. Sur les anciennes murailles, bien mauvaises sans doute, je fis construire toute la toiture, après les avoir exhaussées d’une canne ; ce travail commencé le 2 octobre 1831 fut terminé le 18 juin 1832. Ce fut Monseigneur de Latour-Landorthe, Evêque de Pamiers, qui vint bénir l’église. A cette époque, j’avais déjà pourvu la sacristie de plusieurs ornements tels que chasubles, chapes, dais en velours cramoisi et surtout d’un buffet. Tout ce qui est dans l’église aujourd’hui, à l’exception de l’autel et du bénitier en marbre qui avaient été donnés par feu Mr Dubarry, curé de Lissac, a été renouvelé ou acquis par mes soins.
Après tant de travaux et de sacrifices, j’étais loin d’être à la fin de mes sollicitudes. La foudre tomba sur le clocher de notre église le 14 août 1835 ; elle y pratiqua une lézarde qui, s’agrandissant de jour en jour, nous fit craindre de voir crouler le clocher avec le mur de droite, déjà signalé comme très mauvais. Deux filles de Lissac, qui venaient se confesser pour la fête de l’Assomption, les nommées Marthe et Marie Lacombe, furent atteintes sur les jambes pendant qu’elles se tenaient à genoux à côté de l’espagnolette du tambour de l’église, mais oh miracle ! elles ne ressentirent aucun mal quoiqu’elles eussent été renversées bien loin. A cette occasion, l’horloge fut véritablement broyée, on eut dit que des millions d’hommes avaient agi pour la destruction de l’édifice, tant les décombres se faisaient remarquer, entassés de toute part.
Sans perdre courage, je me remis à l’ouvrage en 1842. Pour consolider le clocher, je proposai un contrefort et la construction de deux nouvelles chapelles pour former le bas-côté de droite. La commune s’imposa de 1500 francs, la fabrique 500 francs, j’obtins du département un secours de 400 francs.
Nous étions convenus tous ensemble de nous charger de la réparation et d’employer pour l’adjudication un ouvrier qui devait nous prêter son nom moyennant la somme de cent francs. Les maçons accourus des localités voisines ayant exagéré le danger que présentait le percement de la muraille de droite, messieurs du conseil municipal, à l’exception de Mr Sol, maire, ont refusé de courir les chances et nous laissèrent seuls responsables des événements. J’invitai les habitants à avoir confiance et à venir me prêter le secours des corvées.
Le travail fut exécuté selon le plan et le devis dressés par Mr l’architecte et nous eûmes la douce consolation d’obtenir un bénéfice de onze cents francs. C’est ici que commença contre moi une conspiration qui occasionna la guerre et la division dans une paroisse qui avait été jusque là si unie et si dévouée à ma personne. Une fraction du conseil municipal prétendit avoir le droit d’employer selon ses fantaisies la somme de onze cents francs que je venais d’obtenir par mon dévouement ; je lui ai résisté avec force ; le droit était pour moi, aussi les fauteurs de trouble furent condamnés par toutes les autorités civiles et ecclésiastiques. J’employai donc avec le concours de la fabrique la somme de cinq cents francs pour exhausser les murailles et refaire en entier la toiture du presbytère de Lissac qui était dans un état de délabrement tel que dans les temps de pluie je ne pouvais y trouver un réduit pour abriter mes meubles ; j’employai les six cents francs qui me restaient à la décoration des chapelles ; tout cela a été exécuté au grand contentement de la paroisse et au grand déplaisir de (*) tous les ennemis déclarés de tout le bien qui s’opère dans la paroisse. Mais le Seigneur, dit le prophète, se rit des desseins des méchants. Ceux-ci ont entrepris plusieurs voyages à Pamiers pour me nuire et provoquer mon changement ; ils ont eu sans effort de ma part la honte d’une défaite complète. La généralité de la paroisse a été émue d’indignation et n’a jamais cessé de m’entourer de sa confiance et de son amour. Elle est persuadée comme moi que ceux qui troublent la paix de la commune n’agissent que par ambition ; ils veulent gouverner et supplanter Monsieur le maire actuel, aussi ils sont les ennemis de quiconque rend  justice à la vérité en disant que nous avons un bon maire, quoique protestant.
Je dois le dire pour rendre hommage à la vérité, la population de Lissac est foncièrement bonne, elle a beaucoup de zèle pour la religion et pour en suivre ses pratiques. Aussi depuis que je suis à la tête de la paroisse, je n’ai eu à déplorer aucun scandale, les filles y sont sages et modestes. On pourrait cependant reprocher aux habitants un caractère léger et inconstant ; occupés de leurs intérêts, ils sont peu reconnaissants. En somme, il faut les tenir toujours en haleine afin que le bien se fasse ».
 
(*) Ici sont rayés et à peine lisibles les noms de Etienne Gillet, Jean Bouffil et Paul Baudouy.
 
 
 
 
 
NOTES
 
 
1.- Contrat de mariage du 12 mai 1715, à Lissac, retenu par Mtre Dernis, notaire à Gaillac.
ADHG, 3 E 23026.
2.- A noter qu’il signe encore le 19 juin 1756 un acte à Saverdun en tant que vicaire de cette paroisse.
AC Saverdun.
3.- Contrat de mariage du 7 juin 1749, à Saverdun.
ADA, 5 E 207, f° 238.
4.- L’Assemblée Législative avait voté en mai 1792 la déportation des prêtres réfractaires.
Il semble que les curés Dubarry passèrent la frontière à Puigcerda en septembre 1792 avec 880 prêtres appartenant à 33 diocèses.
Abbé Jean Contrasty, Le clergé français exilé en Espagne (1792-1802), Toulouse , 1910, p. 337.
5.- Abbé Louis Blazy, Le mémorial des curés de Lissac au XVIII° siècle.
6.- En 1795, la situation de la religion s’améliore et des prêtres réfractaires rentrent en France ; le 29 septembre, un décret est voté sur les principes de liberté des cultes et séparation des Eglises et de l’Etat, ce qui confirme la politique d’apaisement du conflit religieux
7.- Le 5 septembre 1797 (19 Fructidor an V), le Directoire adopte une série de lois répressives. Notamment la loi du 24 octobre 1795 (3 brumaire an IV) concernant les émigrés et les prêtres réfractaires est rétablie. Toutes les lois votées en faveur de l’Eglise sont abrogées, ce qui va déclencher une nouvelle offensive contre les catholiques et les émigrés rentrés en France.
8.- Le 22 octobre 1797 (1° brumaire an VI), l’agent municipal de Lissac déclare devant l’administration du canton de Saverdun que le citoyen L’Héritier, ex-curé de Cintegabelle, qu’il connaissait, a toujours été absent. On n’a donc pu lui notifier l’article 3 de l’Arrêté du 7 vendémiaire. Quant à Dubarry, ex-curé de la commune, prêtre déporté, il n’est pas encore sorti. L’agent, aujourd’hui même, lui notifiera de prendre le passeport en conformité de l’article 3 de l’arrêté susdit. (ADA, L 102, Saverdun).
Notes de M. l’abbé Fauroux, ancien archiviste du diocèse de Pamiers.
9.- Pierre Dubarry, oncle, avait fait son testament une première fois le 9 avril 1788 (ADA, 5 E 257, f° 15), une deuxième fois le 21 avril 1790 (ADA, 5 E 259, f° 183).
10.- Voir chapitre La période révolutionnaire.
11.- Note de M. Pezet (curé de Lissac de 1830 à 1868) inscrite à la fin du registre de la paroisse, 1830-1847.
12.- Ce paragraphe est écrit à partir des notes de l’abbé Fauroux, ancien archiviste du diocèse de Pamiers.
13.- Philippe-Joseph Tisseire, né le 30 juin 1751, Cazes, Voisard et Dardigna, tous quatre de Montaut, sont condamnés a mort par le Tribunal révolutionnaire et exécutés le 16 juillet 1794 (28 messidor an II), soit onze jours avant la fin de la Terreur.
Connus de Vadier qui les considérait comme des aristocrates, on leur reprochait d’avoir laissé faire à Montaut le rassemblement dit de la Boulbonne, le 25 août 1793 ; à ce moment-là, Tisseire commandait la garde nationale, Cazes était juge de paix, Voisard procureur et Dardigna secrétaire de la commune. Au cours de ce rassemblement, un nommé Moncla, de Saverdun, fut tué sans raison sur la route entre Lissac et Saverdun, à hauteur de Canté (Voir chapitre La période révolutionnaire).
On a reproché à Vadier, président du Comité de sûreté générale, d’avoir envoyé ces quatre hommes à la guillotine par rancune personnelle, ce dont celui-ci s’est toujours défendu.
14. Entre temps, le 12 octobre (21 vendémiaire), Hérisson, officier de santé de Mazères, médecin, avait certifié que le dit Tisseire « vit depuis 10 ans dans un état d’infirmité qui le met dans l’impossibilité de quitter le sol de la République. J’ajoute qu’il est paralysé de côté gauche et toujours soumis aux remèdes et au régime le plus sévère ; il est hors d’état de voyager à cheval et moins encore à pied ».
15.- Notes de M. l’abbé Fauroux, ancien archiviste du diocèse de Pamiers.
16.- A la fin de l’année 1840, Paul Pezet écrit sur le registre de la paroisse : « J’ai fait paraître l’histoire du pays de Foix qui avait été mise au concours par le Conseil général de l’Ariège. Je me suis trouvé seul ce qui a été cause qu’on n’a pas décerné de prix. J’ai fait imprimer mon ouvrage à Paris à mille exemplaires ».
Le livre a été édité par le libraire-éditeur Debécourt, 69 rue des Saints-Pères à Paris.
L’abbé Duclos, dans son Histoire des Ariégeois (tome 5, p.657 à p.661), cite l’abbé Pezet dans les historiens du pays de Foix et considère son ouvrage comme « un travail honorable, écrit sans passion ». Il regrette quelques lacunes sans lesquelles « on rangerait l’abbé Pezet, auteur d’ailleurs distingué, parmi les meilleurs du cycle historique des écrivains modernes de l’Ariège ».
17.- Acte de sépulture, registre de la paroisse de Lissac, 1848-1880.
A la fin de l’année 1868, le successeur à Lissac de Paul Pezet, le curé Cazajus, écrit sur ce registre : « L’année 1868 a été une des années les plus remarquables pour la paroisse de Lissac. Le 29 janvier elle eut le malheur de perdre Monsieur Paul Pezet son pasteur qui l’avait dirigée depuis le mois d’octobre 1830. Sa vie a été celle d’un bon prêtre et malgré quelques mésintelligences entre lui et quelques uns de ses paroissiens, il a passé dans la paroisse en faisant beaucoup de bien et l’église que j’ai trouvée en très bon état, est entièrement son ouvrage et le travail de plus de 30 années. Je n’ai plus qu’à bénir sa mémoire ».
Le curé Pezet  repose dans le premier caveau à gauche en entrant dans le cimetière.
 
 
 
 
 
Le presbytère
 
 
 
Nous avons vu que lors de la visite de l’évêque de Rieux, en 1634, il n’y avait point de presbytère à Lissac. Il y en avait un ensuite, loué à un particulier, et sur lequel nous n’avons pas de renseignement. En 1709, la communauté achète la maison de feu Jean Micheau, située lieu-dit au Cantou, comme maison presbytérale ; elle sera habitée par Arnaud Brunet (1).
 
De 1753 à 1792, Pierre Dubarry oncle puis Pierre Dubarry neveu, originaires de Lissac, furent curés de la paroisse. Les Dubarry possédaient une maison au bord du ruisseau, en bas de la rue montant au moulin, que certainement ils habitaient. De l’autre côté de la rue, Pierre Dubarry oncle avait acquis en 1754 une maison à bas étage, maison qui fera partie plus tard du presbytère (2).
Après le départ en exil des curés Dubarry, en 1792, un presbytère fut à nouveau loué. Plus tard, en 1810, le préfet n’autorise pas les communes de Lissac et Labatut à s’imposer extraordinairement pour acquérir l’ancienne maison presbytérale et faire des réparations à l’église (3).
 
M. Sol ayant acquis le presbytère, il s’engage le 12 mai 1811 à le rendre à commune pour le prix de 1200 francs, maison et jardin. Le conseil municipal demande une imposition extraordinaire de 1634,69 francs (Labatut participant pour la moitié de cette somme en sus, soit le tiers du total) pour achat et réparations du presbytère et réparations de l’église.
C’est le 1° décembre 1813 que le desservant entre dans le presbytère acquis par les communes de Lissac et Labatut (4). A ce moment-là, le conseil municipal prend les dispositions pour payer 1100 francs de loyer (100 francs pendant onze ans) dus à M. Paoulère Bouffil et M. Décamps pour le loyer du logement provisoire et jardin occupés par le desservant du 22 janvier 1803 au 1° décembre 1813 (5).
 
Vers 1845, le presbytère a été surélevé et la toiture refaite avec l’utilisation de cinq cents des onze cents francs restant des travaux à l’église (6). En 1852, l’intérieur est refait avec une modification de la disposition des pièces, changement de l’escalier, chambres plafonnées et tapissées (7).
Le 3 août 1868, le conseil vote 121,34 francs pour faire construire, sur la demande du curé et à l’emplacement du volailler et de la « bûchère », une écurie et une remise. La commune de Labatut paie 30,66 francs afin de compléter les 152 francs de la dépense.
En 1892, les planchers et les volets sont refaits à neuf.
 
Après la séparation de l’Eglise et de l’Etat, le conseil municipal décide, le 17 septembre 1907,  de louer le presbytère et ses dépendances pour un loyer annuel de vingt francs, la commune de Labatut prenant la part qui lui revient. Le presbytère est loué au curé, bail renouvelable tous les neuf ans (8).
 
 
 
 
NOTES
 
 
1.- Par acte du 7 septembre 1709 retenu par Mtre Durand, notaire à Caujac, Raymond Marty et Jean Icart, consuls de Lissac, engagent la communauté de Lissac à payer la somme de deux cents livres à Paul Sénéga, gérant des biens de feu Jean Micheau, en paiement de la maison de ce dernier que les consuls et communauté ont pris pour maison presbytérale. La somme de deux cents livres sera payée en utilisant les vingt livres que la commune s’impose annuellement pour la location de la maison presbytérale. L’estimation de cette maison avait été faite par Jean Berjaud, de Cintegabelle, et Bernard Saliès, de Saint-Quirc, charpentiers (f° 1647).
Le même jour, Arnaud Brunet, curé de Lissac, accepte cette maison comme presbytère, après exécution des travaux nécessaires (f° 1641).
Durand, notaire à Caujac, ADHG, 3 E 23045.
2.- Le 13 septembre 1754 à Saverdun, Henry Marcou, brassier, habitant à Lissac, vend à Me Pierre Dubarry, prêtre, curé du dit Lissac, « une maison à bas étage construite de corondats fermés de torchis qu’il possède au village de Lissac, qui confronte du levant Jean Gillet, forgeron, midy patis indivis entre Pierre Salomon, Jean Gaubert et Jean Cousture, couchant le dit Salomon, François Castéras et le dit Gaubert, septentrion rue publique… » pour la somme de 60 livres.
Jean Séré, notaire à Saverdun, ADA, 5 E 176, f°199.
3.- Lecture de la lettre du préfet à la réunion du conseil municipal du 6 avril 1810. A noter que la commune se réservait une chambre du presbytère comme maison commune.
Auparavant, le 15 novembre 1808, un devis avait été présenté au conseil municipal de Lissac par Joseph Rouch, charpentier à Saint-Quirc, et Louis Brunet, maçon à Cintegabelle, en vue de réparations à l’église et au presbytère.
4.- Une note écrite sur le registre de la paroisse, 1848-1880, au dos de la couverture indique : « Sera pour mémoire que par acte public retenu par Me Séré, notaire à Saverdun, Mr Sol a vendu en 1812 le presbytère de Lissac aux maires de Lissac et Labatut  pour le compte des deux communes ».
A été ensuite rajouté à cette note : « Cette maison n’était autre que la grange et le grenier à l’usage des anciens curés qui avaient en propriété une maison qui existe sur l’alignement du chemin du moulin, ayant une façade en briques cuites, et que le sieur Amouroux  acheta à la nation qui s’en était emparée, comme de la grange, en 1793 ».
5.- Le 1° octobre 1809, la commune de Lissac avait demandé au préfet de l’Ariège l’autorisation de vendre un « parsan » de communal pour le paiement du loyer de la maison habitée par le desservant et pour la réparation de l’horloge.  
6.- Note de M. Pezet (curé de Lissac de 1830 à 1868) inscrite à la fin du registre de la paroisse, 1830-1847.
7.- Note de M. Pezet, fin de l’année 1852, sur le registre paroissial.
8.- Le presbytère appartient aujourd’hui à la famille Farré.
 
 
 
 
 
Le cimetière
 
 
 
Autrefois, le cimetière de Lissac était situé à côté de l’église, à l’emplacement actuel de la place et de la route, cette dernière passant alors près des maisons qui bordent la place. Une croix, à gauche en entrant dans l’église, portant l’inscription « Ancien cimetière de Lissac » le rappelle ; cette croix a été érigée en 1862 par le curé Pezet (1).
 
Nous avons vu que la déclaration royale du 10 mars 1776 demandait que les cimetières soient placés hors de l’enceinte des habitations (2).
Le 5 octobre 1777, le  conseil politique de Lissac décide la nomination de deux experts pour « fixer un local propre pour ledit cimetière », cimetière que ces derniers proposèrent de  placer au « Petit-Bounel ». Le 1° novembre 1777, le conseil autorise les consuls, Jean Vidal et Jean Rouch, à emprunter la somme nécessaire à l’acquisition du terrain.
C’est le 20 janvier 1778 que le terrain, situé à l’extérieur du village, est acquis par la commune de Lissac (3). Pour cela la commune emprunte la somme de 600 livres à Bertrande Coulonges pour l’acquisition et la clôture de l’emplacement.
 
Le nouveau cimetière est béni par le curé de Saint-Quirc, le 8 avril 1778 (4). Pierre Dubarry, oncle, écrit sur le registre de la paroisse : « Le huitième avril 1778, le nouveau cimetière de Lissac a été béni par Maître Dernis, curé de Saint-Quirc, qui eut la commission de Mgr l’évêque de Rieux pour cela, Jean Vidal, tuilier, et Jean Rouch, brassier, étant consuls assistèrent à la cérémonie en chaperon, moi présent. Dubarry, curé de Lissac ».
La première personne enterrée au nouveau cimetière, le 29 avril 1778, se nommait Grégoire Cazajus, un enfant âgé de trois semaines.
 
Bertrande Coulonges décède à Lissac le 25 février 1810 sans qu’elle ait été remboursée de son prêt à la commune et ses héritiers demandent à être payés. C’est seulement le 18 mai 1817 que le conseil municipal demande au sous-Préfet de Pamiers l’autorisation de s’imposer pendant 5 ans pour rembourser cette dette et ses intérêts.
 
En 1864, la commune décide de clôturer et agrandir le cimetière en achetant 165 m² de terrain du côté de la route n° 8 ; le conseil vote 700 francs, 100 francs pour l’achat et 600 francs pour la clôture.
 
Le 20 novembre 1869, on parle pour la première fois de concessions payantes : une demande de construction de caveau est formulée par Paul Amand Vidal ; le conseil fait droit à sa demande moyennant le prix de 50 francs le m². Le 5 janvier 1870, le tarif des concessions  est ainsi fixé :
- concessions perpétuelles : 50 francs le m²,
- concessions trentenaires : 25 francs le m²,
- concessions pour 15 ans : 8 francs le m².
Il est en outre décidé qu’il peut être distrait 3a 86ca aux 11a 78ca du cimetière pour les affecter aux concessions et le conseil est d’avis de prendre ce tiers du terrain sur toute la largeur du cimetière, au midi.
 
 
 
 
NOTES
 
1.- M. Pezet a écrit sur le registre de la paroisse à la fin de l’année 1862 la note suivante : « Dans le courant de l’année qui vient de s’écouler, j’ai placé une croix en pierre devant l’église sur un terrain qui faisait partie de l’ancien cimetière. Je me suis proposé dans cette érection un double but : d’abord d’abriter à l’ombre de la croix une infinité de générations qui sont inhumées sur cette place et dont les ossements n’ont pas été encore enlevés ; puis cette croix pourra servir pour la station de la procession dominicale, afin d’éviter les inconvénients qu’on trouve durant les grandes chaleurs en se rendant  à toute autre croix ».
D’autre part, concernant les croix, on relève que le 22 juin 1861 le conseil municipal de Lissac vote 300 francs pour enlever la croix qui se trouve au bord de la route n° 8, en face de la rue principale du village, pour la transporter avec son piédestal dans le quartier de Marquèze afin de remplacer une vieille croix en bois vermoulu. Cette somme servira également à ériger une nouvelle croix de fer de deux mètres de hauteur et supportée par un piédestal en pierre de taille au bord de la route n° 8, en face de la rue principale.
AC Lissac.  
2.- Voir chapitre Personnes enterrées dans l’église.
3.- Le terrain est acquis à raison de 100 livres la mesurée auprès de trois propriétaires :
- 3 boisseaux à Jean Vidal, tuilier (75 livres) ,
- 1 boisseau ½  à Jean-Louis Lapeyre (37 livres 10 sols),
- 3 boisseaux ½ à Cousture (87 livres 10 sols),
soit un total de 8 boisseaux pour 200 livres.
La seterée (ou arpent) était égale à 8 mesurées ou 32 boisseaux. La valeur de ces anciennes mesures agraires variait d’une commune à l’autre ; par exemple, la seterée correspondait à 5690 m2 à Toulouse et 5080 m2 à Pamiers.
A Lissac, d’après un acte de 1752 (J.P. Lafage, notaire à Cintegabelle, ADHG, 3E23402, f° 44), la seterée contenait 536 perches ce qui correspond à une seterée de 5295 m2.
4.- Deux siècles plus tard, en avril 1978, cette bénédiction a été commémorée à l’initiative de M. Pierre Castex en présence de M. Jean Ferran, curé de Saint-Quirc desservant la paroisse de Lissac, et de M. Abel Fauré, maire de Lissac. Une plaque a été apposée à l’entrée du cimetière pour rappeler cette création en 1778.
 
 
 
 
 
 
La relique de Saint-Flamijan
 
 
 
Le compte-rendu de la visite de l’église de Lissac par Mgr Alexandre Johanne de Saumery, évêque de Rieux, le 15 septembre 1724 indique : « Nous avons trouvé des reliques sur l’autel près de la pierre sacrée que le sieur curé nous a dit y être depuis la visite de Mr de Bertier…qu’on dit être de Saint-Flammesien… » (1).
 
Arnaud Brunet, curé de la paroisse, a écrit en 1725 un billet que le curé Pezet a recopié en 1832 :
« Je soussigné, Arnaud Brunet, curé de la paroisse de Lissac, déclare que Monseigneur Messire Alexandre Johanne de Saumery, évêque de Rieux, lorsqu’il fit la visite de cette église qui était le quinzième jour du mois de septembre de l’année 1724, je montrai au dit seigneur évêque un gros os qui était derrière la pierre sacrée du maître autel de la présente église, sans aucune inscription et que les hommes les plus anciens de ma paroisse disaient qu’ils savaient par tradition que c’était un os du corps de Saint-Flamesjean dont on faisait autrefois la fête dans le présent lieu le deuxième mai et que Mgr de Berthier, évêque de Rieux, supprima ni ne voulut approuver le dit os et autres reliques incluses dans une petite boîte, mais il ordonna suivant la tradition des anciens de ma paroisse qu’elles resteraient dans le même endroit où je les ai trouvées et que j’ai montré à Monseigneur de Saumery, évêque de Rieux, dans le cours de sa visite, qui a ordonné qu’on les plaça dans le même endroit et qu’elles fussent enveloppées dans quelque étoffe et enfermées dans une boîte de fer blanc, ce que j’ai exécuté et Dame Thérèse de Lafage, épouse de Messire Henri du Vivier, seigneur du présent lieu, bailla l’étoffe. En foi de ce,
A Lissac le vendredi saint et année 1725.
Brunet, curé de Lissac. 
Présents : Jean Vidal, Vidal, Lasserre qui ont signé avec moi ».
 
Le curé Pezet écrit :
« Je soussigné, déclare avoir copié aussi exactement qu’il m’a été possible, d’un billet à moitié rongé par les vers le présent document sur l’os que j’ai moi-même trouvé renfermé dans une boîte et enveloppé dans une étoffe de soie.
En foi de ce,
Lissac, 23 septembre 1832.
Pezet, curé de Lissac ».
 
Ces notes des curés Brunet et Pezet ont été publiées dans le Bulletin Historique du diocèse de Pamiers en 1937 (2) par le chanoine Louis Blazy avec le commentaire suivant :
Qui est ce Saint-Flamesjean ?
Le nom a sans doute été altéré par des copistes ignorants de l’hagiographie car on le trouve diversement orthographié : Favesian, Flamijan, Flamesjan, Flamessien.
D’après le procès-verbal de visite de l’église par J.-L. de Berthier, en 1634, il s’agirait d’un prêtre martyr dont on faisait autrefois la fête dans le diocèse de Rieux le 2 mai. Ce détail important est néanmoins insuffisant comme identification de piste à suivre.
S’il s’agit d’un prêtre martyr, il ne saurait être question de Sainte-Flamine dont la fête est indiquée le 2 mai.
Le saint auquel les différents noms font penser, est Saint-Flamidien (Flamidianus), martyr, honoré à Cuxa, Elne et en Espagne mais sa fête est célébrée le 5 janvier.
Rien ne permet d’identifier la relique qui demeure dès lors douteuse comme elle a paru douteuse aux évêques de Rieux en 1634 et 1724. L’un et l’autre ne voulurent l’approuver se contentant d’en prescrire la conservation dans une enveloppe décente à l’endroit où elle avait été trouvée (derrière la pierre sacrée du maître- autel).
 
Marquèze portait autrefois le nom de quartier de Saint-Flamesjean ; on dit qu’une chapelle s’y trouvait, on ne connaît pas l’emplacement. (D’après une ancienne tradition).
 
 
 
NOTES
 
 
1.- ADHG, fonds de Rieux, 2G, liasse 108.
2.- Chanoine Louis Blazy, La « relique » de Saint Flamijan à Lissac , Bulletin Historique du diocèse de Pamiers, n° 34, avril-juin 1937.
 
 
 
 
 
 
Annales des curés Brunet, Pezet et Cazajus
 
 
 
Arnaud Brunet, curé de Lissac de 1708 à 1753, a porté de nombreuses observations dans le registre paroissial, à la fin de chaque année. Il notait la clémence ou la rigueur du temps, le bon rendement ou la pénurie des fruits de la terre, les épidémies qui sévissaient dans la paroisse et autres événements remarquables. Ces annales commencent à la fin de l’année 1709 dont l’hiver fut l’un des plus rigoureux que la France ait connu.
Au siècle suivant, les curés Pezet et Cazajus, sur les registres paroissiaux couvrant la période de 1830 à 1880, ont également noté de nombreuses observations concernant le temps, les récoltes, les étapes de reconstruction de l’église avec les difficultés rencontrées mais aussi d’autres événements marquants qui dépassent parfois le cadre de la paroisse.
Nous rapportons ici les notes contenant les faits les plus marquants.
 
 
NOTES DE M. BRUNET
 
- 1709
Voici le premier registre que j’ai fait quoique tout indigne que je le suis. Je suis entré curé dans cette paroisse le 21 mai de l’année dernière 1708. Le registre de laquelle année 1708 est entre les mains de M. Proïan, prêtre de Carbonne et alors vicaire ici. J’ai eu le bénéfice par la résignation qui m’en fut faite par M. de La Mire mon prédécesseur qui me désigna à moi, Arnaud Brunet, prêtre du diocèse de Comminges du lieu de Landorthe. M. de La Mire décéda le 14 novembre de l’an 1707 et est enterré dans le cimetière, près de la croix. Il a régi avec toute la sagesse et la prudence d’un vénérable pasteur la présente paroisse pendant 55 ans ou environ. Dieu veille que je marche sur ses traces.
Cette année a été si rude qu’aucun homme vivant n’en avait vu une semblable. L’hiver a été si cruel que le grand froid a gelé tous les grains dans le sein de la terre et tué nos vignes. La misère a été extraordinaire. Une maladie populaire qu’on nommait le scorbut a fait un grand ravage et a tué grand nombre de personnes dans tout ce pays. Par la miséricorde de Dieu elle a pris fin. Le remède qu’on a trouvé sur la fin a été de saigner et purger fortement la personne atteinte de ce mal et de la parfumer avec des guyes et de l’eau de vie, et dans cette paroisse qui est si petite il en est mort plus de soixante en six mois.
Cette même année, le père Cussol, cordelier de Pamiers, chanta dans notre église la 1° messe le jour de Quasimodo. Il y eut un grand concours du peuple.
Voilà ce que j’ai remarqué.
Brunet, curé.
 
- 1710
Cette année a été assez bonne en grain et en vin. L’année précédente et la suivante n’ont pas été bonnes ; il n’y a point eu goutte de vin. Le remède qu’on trouva pour le scorbut était de faire saigner et purger le malade et de faire après des cataplasmes sur la partie blessée avec des guyes et de la farine de blé, des œufs et de l’eau de vie.
 
- 1713
Il n’y a rien eu de sinistre pendant cette année qu’une grande misère depuis le 1° de l’an jusqu’à la Saint-Jean Baptiste et la récolte a été fort abondante qui a tiré de la misère ceux qui en étaient accablés.
Cette même année, j’ai fait donner une sentence au sénéchal de Pamiers qui oblige M. de Soubiran à payer la dîme de tout son enclos à la réserve de deux journées d’homme que le sénéchal lui a adjugé pour son potager. J’ai entrepris ce procès à mes dépens que j’ai gagné aussi avec dépens. Je n’ai pas retiré la sentence du greffe à Pamiers. Je prie messieurs mes successeurs de prier pour moi de leur avoir procuré ce petit droit de dîme qu’aucun de messieurs mes prédécesseurs n’avait osé demander jamais.
 
- 1715
Cette année, M. Henri du Vivier a épousé Dlle Thérèse de Lafage dans la paroisse de la Daurade à Toulouse. On trouvera dans le registre de M. le curé de la Daurade le mariage de ces deux époux. Dlle Marie du Solier, notre paroissienne, a épousé M. de Saint-Amans dans la paroisse Saint-Amans. On trouvera le mariage de ces deux époux dans le registre de Saint-Amans du diocèse de Pamiers.
Il ne se passa l’année 1715 rien qui mérite d’être mis en mémoire.
 
- 1716
Il n’y a rien cette année qui mérite d’être mis en mémoire sinon qu’elle a été très abondante en tout, en grains, en vin, en fruits ; il n’y a que l’argent qui est très rare. On ne peut pas vendre les denrées, ce qui fait qu’avec toute l’abondance le peuple ne vit pas content.
 
- 1720
Il ne s’est rien passé d’extraordinaire cette année dans notre paroisse ni dans ce pays où nous avons eu une excellente récolte en grain et en vin.
Cette même année, la peste a ravagé la ville de Marseille, Arles et plusieurs autour de ce pays-là. Le seigneur a voulu nous préserver de ce fléau nonobstant le nombre de nos péchés.
 
- 1724
Cette année, Mgr Alexandre de Johanne de Saumery, évêque de Rieux, a fait la visite de notre église et m’a donné la permission d’établir la confrérie du très Saint-Sacrement. Cette même année j’ai fait donner de Rome une indulgence pour le jour de Saint-Jean et il est à remarquer que le jour de cette fête il y eut un si grand concours du peuple que, au commencement de la grand-messe, la tribune tomba sans que personne prit mal. On a regardé cela comme un miracle. Ce qui m’a porté a en faire une toute neuve avec les fonts baptismaux et la sacristie, et à plafonner l’église le tout à mes dépens.
 
- 1728
Le R. P. Chaptad, cordelier, a fait cette année la mission ici qui a opéré un grand effet et c’est moi qui ai fait planter la croix devant l’église.
Année très fertile ( ?). Jamais on n’avait vu autant de neige qui commença le 28 du mois dernier 1728. Le peuple a manqué mourir de froid et de faim pendant six semaines.
 
- 1733
Cette année n’a été ni bonne ni mauvaise en grain mais très pauvre en vin. Il y a eu une maladie générale qu’on nommait suette ( ?) mais peu en sont morts, grâce à Dieu.
 
- 1737
Cette année a été très désastreuse ; il y avait 44 ans qu’il n’avait point grêlé dans cette paroisse. Le seigneur a voulu nous en affliger cette année par plusieurs reprises ; il n’a pas fait de tonnerre qu’il n’ait tombé de la grêle. Mais les deux plus fortes ont été le 13 juillet et la dernière le 29 du même mois qui a tout emporté dans moins d’un quart d’heure sans cesser. Saint-Quirc, Lissac, Canté, Labatut, Gaillac, Caujac et autres lieux, on aurait eu de bonnes sortes de grain et du vin en abondance, au lieu que le pauvre peuple est dans la dernière misère. Depuis la dernière grêle, il n’a pas fait trois jours de beau temps mais bien des pluies continuelles, ce qui fait qu’on n’a pas pu ensemencer les terres. Dieu veuille nous épargner l’année que nous allons commencer.
 
- 1742
Monsieur Maître Pierre Dubarry a été fait prêtre par Monseigneur de Chaullon, évêque de Mirepoix, avec des émissaires de Monseigneur de Saumery, notre évêque, à Mazères et a chanté sa première messe dans notre église le 7 octobre, ayant été fait prêtre le 22 septembre dernier. Toute ma paroisse (et celles du voisinage) a assisté a sa première messe par le grand plaisir qu’elle a eu de voir un enfant de Lissac prêtre.
Cette année a été assez fertile en grains de toute espèce et il y a eu du vin en grande abondance. Le pot de vin ne s’est vendu qu’un sol et encore moins. On a fait les vendanges très difficilement à cause de la grande quantité de pluies. Tout le monde était embarrassé pour trouver des tonneaux pour mettre le vin et plusieurs ont été obligés de faire foncer les cuves pour loger le vin. Rendons-en grâce au Seigneur qui, après une grande disette de grains et de vin, nous a envoyé l’abondance.
 
- 1744
Il ne s’est rien passé cette année qui mérite d’être mis en mémoire, sinon la guerre que notre grand prince a avec la reine de Hongrie et le roi d’Angleterre et notre souverain prince est toujours victorieux.
 
- 1745
Cette année a été une des plus abondantes et en fruits et en grains qu’aucune que j’en ai vu depuis que je suis curé et il y a eu du vin assez honnêtement ; mais les affaires se sont faites très mal à cause de la modicité de la vente des grains qui n’ont eu aucun prix. La picotte ( ?) a régné si fort dans cette paroisse qu’un grand nombre d’enfants y sont morts. Grâce au Seigneur, elle a pris fin. La guerre a été si fort allumé qu’on n’avait jamais plus vu une semblable. Notre souverain prince Louis quinzième a été toujours victorieux et il a tant fait dans deux campagnes que sa Majesté a faites et surtout la dernière avec Monseigneur le dauphin qu’on n’a pas vu dans les siècles précédents rien de plus glorieux que les progrès que ce grand roi a faits dans le temps que nos ennemis les Anglais et la reine de Hongrie avaient soulevé toute la terre contre la France qui a été toujours victorieuse. Et ce qu’il y a de plus glorieux pour notre souverain prince, c’est qu’il a établi le roi Edouard dans le trône d’Ecosse d’où il avait été chassé depuis 57 ans. Enfin, dans l’histoire des illustres monarques qui ont précédé Louis XV° à présent régnant, aucun souverain n’a fait de si grandes conquêtes que Louis XV°, nous avons été toujours occupés à chanter treize fois cette année le Te Deum en action de grâces pour les conquêtes que notre grand roi bien-aimé a faites depuis la guerre qui dure depuis cinq ans. Dieu veuille que notre grand prince qui n’a rien tant à cœur que de procurer la paix dans toute l’Europe nous la procure et pour y parvenir notre souverain prince, nonobstant la force de ses armes, a eu recours au ciel pour nous procurer cette paix en demandant à notre Saint-Père le pape Benoît XIV un jubilé pour toute la France, que sa Sainteté a bien voulu lui accorder et que tous les bons français ont tâché de gagner malgré la rage des Huguenots qui n’ont rien négligé pour détruire notre sainte religion hors laquelle il n’y a point de salut.
Mes successeurs à la cure que j’ai l’honneur de posséder depuis trente huit ans trouveront peut-être mauvais que j’aie inscrit dans le registre ce que je viens d’y insérer mais je les prie de ne m’en vouloir point du mal.
Je n’ai eu en vue que la gloire de Dieu en rendant justice à la vérité et en finissant le registre des baptêmes, mariages et sépultures de notre église de Lissac pour l’an 1745.
 
 
NOTES DE M. PEZET
 
- 1832
Sera pour mémoire, que lorsque j’ai pris possession de la paroisse de Lissac, j’ai trouvé l’église dans un état digne de pitié, elle était très insuffisante pour contenir toute la population, elle était dénuée de tout, menaçant ruine de toute part ; j’ai fait un appel au zèle des habitants qui m’ont bien secondé de leur argent et de leurs bras. J’ai tracé les plans de la nouvelle église ; après avoir fait renverser l’ancienne, j’ai fait ajouter la longueur du sanctuaire et la construction de deux chapelles. C’est le 13 octobre 1831 que nous avons posé la première pierre des fondements au fond du sanctuaire. Nous avons avec la grâce de Dieu surmonté tous les obstacles qui se sont présentés, et avons fait au-delà de toute espérance, cette dépense se porte à six mille francs. Le 18 juin 1832, Monseigneur Louis Charles François de Latour-Landorte, évêque de Pamiers, est venu accompagné de Messieurs Moutet vic. Général et Doubaud secrétaire, faire la bénédiction de notre église.
Pezet, curé.
 
- 1835
L’année qui vient de s’écouler a été remarquable par des événements déplorables, le choléra-morbus a ravagé le midi de la France et est venu jusqu’à Saverdun. Des inondations telles qu’on n’en avait jamais vu ont causé de grandes pertes. La foudre est tombée le 14 août sur le clocher de Lissac, après avoir moulu l’horloge, elle a atteint deux filles dans l’église sans leur occasionner aucun mal.
 
- 1838
L’année qui vient de s’écouler sera à jamais mémorable par le terrible fléau qui a ravagé cette paroisse et quatorze autres sur le rayon de St-Ybars à Mazères. La grêle, sans être bien grosse, était si copieuse et poussée en même temps par un vent si violent que dans l’espace de cinq minutes nous avons vu enlever totalement et sans aucune espèce de ressource toutes les moissons, soit des champs, soit des vignes. On s’est vu dans l’obligation de faucher tous les blés et même dans plusieurs localités, on n’a pas pu ramasser la paille qui a totalement disparu. Les récoltes avaient la plus belle apparence et faisaient concevoir de grandes espérances. Ce désastre est arrivé le cinq juin vers une heure après midi. Dieu veuille que nous ne soyons plus à l’avenir témoin d’un semblable malheur !
 
- 1845
L’année qui vient de finir sera remarquable par les divers désastres qui méritent d’être signalés. Les récoltes de toute espèce ont été très mauvaises, les pauvres espéraient pouvoir suppléer au manque des céréales par la récolte des pommes de terre,  très belles en apparence, lorsqu’une maladie a attaqué cette plante au moment de la maturité. Cette peste s’est déclarée d’abord dans la Hollande et la Belgique bientôt toute la France a été envahie ; ceux qui se sont empressés de faire cette récolte ont vu périr dans leur maison ce tubercule en grande partie. La famine nous menace. Les pluies ont été continuelles.
 
- 1848
L’année qui vient de finir est une des plus fécondes en révolutions que l’histoire  nous ait conservé le souvenir. La république a été proclamée en France le 24 février. L’exemple de la France a été funeste pour l’Europe entière, Berlin, Vienne et Rome ont eu leur révolution.
L’année a été des plus abondantes, la récolte du raisin a donné de l’embarras aux propriétaires pour loger le vin. Le blé, le maïs ont été au plus bas prix vu la quantité qui en a été récoltée par toute la France.
 
- 1851
L’année qui vient de finir n’a offert aucune particularité remarquable pour la paroisse. Les habitants de Labatut après avoir été servis pour les offices du dimanche pendant 20 ans avaient eu l’air de vouloir se passer de moi ; ils sont revenus au bout d’un an me supplier de reprendre le service, ce que j’ai fait à condition qu’ils contribuent à la réparation du presbytère de Lissac. Les récoltes de l’année ont été généralement bien bonnes. Le prince Louis Napoléon a délivré la France par un coup d’état des menaces socialistes.
 
- 1854
La note de 1854 concerne le décès de Jean-Jacques Sol, ancien maire de Lissac (voir chapitre La famille Sol) ; M. Pezet ajoute ensuite :
Cette même année qui vient de finir nous laisse de bien tristes souvenirs : Dieu justement irrité par les offenses des hommes, a fait promener dans toute l’Europe la peste, la famine et la guerre ; le choléra a sévi à la fois sur toute l’Europe, les principales villes de France ont été décimées, les campagnes, surtout dans le département de l’Ariège, ont été encore plus maltraitées que les villes. La suette d’abord commença à faire aliter presque tous les habitants. Le choléra suivit de près et a fait une infinité de victimes. La ville de Saverdun, et surtout le village de Canté ont été très maltraités. A Lissac, j’ai compté jusqu’à soixante malades à la fois ; nous n’avons eu guère que quatre ou cinq décès cholériques. Saint-Roch, que nous avons prié avec persévérance, nous a protégés. L’année a été très abondante en céréales et légumes. J’ai fait construire derrière l’église le sanctuaire de Saint-Jean Baptiste, par ce moyen les bas-côtés entourent notre église. La voûte de la nef et du sanctuaire ont été décorées de peinture et autres ornements.
 
- 1855
L’année qui vient de finir a été assez bonne pour ce pays-ci, pour toute espèce de récoltes, excepté toutefois pour la vigne qui continue à être atteinte depuis trois ans de la maladie appelée oïdium qui rend ses produits nuls. Le vin est rare et se vend 60 centimes le litre ; le blé se vend trente francs prix moyen depuis le commencement des hostilités de la France avec la Russie. Cette guerre, une des plus terribles jusqu’à ce jour, sera à jamais mémorable par le siège et la prise de Sébastopol sur la mer noire ; cette ville est tombée au pouvoir des français après une résistance de onze mois de combats meurtriers, le 10 septembre.
La paroisse de Lissac a été visitée le cinq août par Monseigneur Alouvry, évêque de Pamiers. Sa Grandeur a administré le sacrement de confirmation après vêpres aux personnes de Lissac et à celles de St-Quirc qui se sont rendues en procession. Le prélat a été reçu avec une grande pompe, il a admiré la construction et l’ornement de notre église heureusement terminée. Dès le matin de ce même jour, Monsieur Izac, supérieur du séminaire de Toulouse avait béni notre Eglise, par ordre de notre évêque.
(Cette note se termine par quelques lignes concernant le décès de Mme Caroline Sol. Voir chapitre La famille Sol).
 
- 1858
L’année qui vient de finir ne nous laisse aucun souvenir qui intéresse la paroisse en particulier ; la mortalité a beaucoup augmenté par suite des fièvres typhoïdes qui ont sévi longtemps. La maladie de la vigne a disparu ; les récoltes en blé et en vin ont été des plus abondantes. Nous avons passé quatre mois de l’été sans voir tomber la pluie, aussi les légumes ont généralement manqué ; la grande sécheresse a occasionné des phénomènes extraordinaires, on a vu des flambeaux sillonner les cieux. Il est tombé en divers endroits des aérolithes, le plus remarquable a été celui qui est tombé sur un pré dans la commune d’Ausson près Montréjeau (Hte-Garonne) ; il avait quatre mètres de carrissage. Sa chute a été entendue de Lissac ; cette énorme pierre, tombée en feu après avoir terrifié les habitants de toute la contrée dans le long espace qu’elle a parcouru, contient un alliage de fer et de nickel, avec de la pyrite magnétique.
 
- 1861
L’année qui vient de finir conservera des souvenirs pénibles pour la paroisse. Depuis quelque temps, l’esprit révolutionnaire qui se faisait remarquer dans tous les états de l’Europe, et particulièrement à Rome, a envahi quelques têtes folles même dans notre localité où nous avons le malheur de posséder un instituteur capable de tout oser. Après avoir fait pendant plus de trente ans un service uniforme dans les deux églises de Lissac et Labatut où je me contentais de dire tous les dimanches et fêtes d’obligation, la première messe sans autre ; quelques brouillons, au mépris des intérêts de la paroisse, ont agi pour faire supprimer la somme de deux cents francs allouée par la commune depuis un temps immémorial, et m’ont par là forcé à accepter la proposition que la commune de Labatut me faisait depuis longtemps, d’aller chanter vêpres une fois par mois dans son église et d’y aller aussi dire la seconde messe alternativement. D’après ce nouveau règlement approuvé par l’autorité diocésaine, je perçois la somme de trois cents francs à Labatut, et j’exige à Lissac tous les droits de casuel que je n’avais jamais demandés à personne. Cette véritable punition est le résultat des mauvais conseils donnés par quelques ignorants, ennemis de toute religion, comme des intérêts de l’église de Lissac.
 
- 1863
L’année qui vient de s’écouler nous laisse le souvenir du changement dans la liturgie, le rit parisien pour le chant et les prières a cessé dans toute la France après avoir été en usage durant cent ans. Le rit romain a été repris dans tous les diocèses qui avaient introduit chacun un bréviaire, un missel et un rituel particulier. Ce changement a occasionné des frais de livres à nos fabriques. Les récoltes ont été généralement bonnes, la maladie de la vigne a diminué d’intensité. La fabrique de l’église a enfin obtenu justice contre le conseil municipal qui a été condamné à lui rembourser 1700 francs en dédommagement de la vente de la pointe de Grandsac qu’une ordonnance royale avait autorisée au profit de l’église de Lissac.
 
 
NOTES DE M. CAZAJUS
 
- 1870
L’année 1870 est une des plus néfastes dans l’histoire de notre France. Depuis plus de deux siècles on n’avait pas vu ce que nous avons été forcés à voir. Le 19 juillet la guerre fut déclarée à la Prusse par Louis Napoléon Bonaparte, empereur des Français. Il est de notoriété publique que nous sommes entrés en bataille avec 300 000 quand nos ennemis en avaient 1 800 000. Aussi, malgré nos efforts, fumes-nous battus à Reichoffen et à Forbach et ce qu’il y a de plus malheureux pour nous, c’est que l’impéritie et la faiblesse de nos chefs est en grande partie la cause de ces désastres. Au reste l’histoire jugera.
Après la bataille du 1er, 2e, 3e septembre sous Sedan, l’Empereur capitula avec l’armée et fut fait prisonnier. La république fut proclamée le 4 septembre, le corps législatif fut dissous et quelques-uns de ses membres s’emparèrent du pouvoir en se constituant gouvernement de la défense nationale. Hélas, quelle fut cette défense !  Après la capitulation de Metz, Paris fut investi, assiégé et capitula à son tour ; nos armées de la Loire, de l’Est et du Nord furent réduites par la force de l’ennemi, du froid excessif et du manque de nourriture.
L’année 1870 ne fut pas seulement tristement célèbre par nos défaites mais encore par les sacrifices de toute sorte, mais le plus cruel fut celui de nos enfants. Les classes furent devancées et tous les hommes non mariés ou veufs sans enfants sans distinction furent enrôlés sous les drapeaux depuis 21 ans jusqu’à 40. Il est vrai de dire que les hommes ne manquaient pas ; mais ce qui manquait, c’était les armes, la direction et l’instruction.
Après la guerre, la peste autre fléau de Dieu s’appesantit sur notre malheureuse patrie. Outre ces maladies générales qui sont provoquées par la grande agglomération de troupes mal nourries ou de cadavres en pourriture, la petite vérole et la suette firent beaucoup de ravages dans tout le pays. Dans le nôtre, Cintegabelle fut décimée, nous eûmes aussi quelques éclaboussures. Après la peste vint la plus forte sécheresse qu’il soit possible de voir. Aussi il n’y eut qu’une bonne année en blé, et passable en raisin. Mais le fourrage, le millet, tous les tardiveaux manquèrent totalement. La source de la fontaine de Lissac qui de mémoire d’homme n’avait pas tari, se trouva entièrement sans eau. Avant cela, l’hiver qui avait été fort rude et long, fut suivi du commencement d’un autre qui débuta par 10 et 12 degrés au-dessous de zéro.
Cette même année je fis faire, placer et peindre le tambour de l’Eglise dont j’ai fait don à la fabrique, ainsi que la balustrade de la chapelle de St- Joseph. Plaise au seigneur en terminant cette année de mettre un terme aux maux de notre malheureuse patrie, et que si les hommes ont méconnu depuis longtemps la miséricorde du seigneur, ils ouvrent les yeux aux coups de sa justice et reviennent à de meilleurs sentiments.
Th. Cazajus.
 
- 1871
L’année 1871, une des plus malheureuses de notre histoire, débuta par la prise de Paris par les Prussiens, la conclusion de la paix, l’élection de la chambre constituante, la commune et la cession de deux provinces avec 5 milliards d’indemnité. L’année fut assez bonne en blé, en millet et passable en raisins, mais le fourrage manqua. Cette année je fis faire la première communion le jour de Quasimodo aux enfants dont la liste suit :
- Garçons : Louis Rumeau, Jean Lacombe, Basile Gillet, Guillaume Déjean, Jean Dupuy, Pierre Cazalot, Jean Colombiès, Jean Gaubert, Pierre Bonnefont, Etienne Bélondrade, Jean Gayral, François Lavigne.
- Filles : Marguerite Castex, Marie Pomiès, Jeanny Lagarrigues, Louise Mercadier, Marie Bousquet, Anna Gaubert, Françoise Dardier, Françoise Burbail.
 
- 1875 :
Les récoltes cette année ont été généralement bonnes, il n’y a rien de particulier sous ce rapport. Mais le seigneur a appesanti son bras sur nos populations en envoyant une de ces inondations qui font époque. La nuit du 23 au 24 juin fut une nuit terrible. Toulouse et les autres villes en aval de la Garonne et en amont aussi jusqu’à nos villes et villages de l’Ariège furent submergés ; que de ruines ! Que de désastres ! L’histoire dira mieux que moi le malheur dont les peuples furent affligés. Et pourtant le peuple est toujours le même.    
 
 
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