LISSAC (Ariège)
 
 
 
 
 
LES ORIGINES
 
 
 
 
Aucune indication ne permet de connaître le début de l’occupation du site de Lissac et la création du village. Il est pratiquement impossible d’avoir quelque information relative à ce lieu avant le XI° siècle.
 
Seule la toponymie permet de penser que des habitants se sont probablement fixés très tôt à cet endroit : par sa terminaison en –ac, le nom de lieu « Lissac » serait en effet d’origine celtique (1). Ces habitants faisaient partie de la tribu des Volques Tectosages, tribu installée sur un grand territoire autour de Toulouse au III° siècle avant notre ère ; ils ont sûrement occupé une hauteur en bordure de la plaine de l’Ariège et des premières collines du Terrefort. Sur cette hauteur s’élèvera, plusieurs siècles après, un château fort au pied duquel s’est construit le village que nous connaissons aujourd’hui.
On peut penser que dès cette époque la plaine de l’Ariège et les collines environnantes étaient cultivées et que des chemins reliaient les lieux de fixation de la population. On relève entre Toulouse et Pamiers de nombreuses localités ayant leur terminaison en –ac, notamment en bordure de la plaine de  l’Ariège : Grépiac, Mauressac, Grazac, Caujac, Lissac, Bonnac, Bézac, ceci montrant peut-être la trace d’une des premières voies de communication entre ces deux villes, voie passant par Saverdun, également d’origine celtique. Des fouilles effectuées dans les environs indiquent d’ailleurs que des relations commerciales ont existé en basse Ariège à l’époque gallo-romaine.
 
Cette région a été occupée par les Romains : la localité voisine de Canté aurait été construite sur les restes d’un établissement romain et quelques monnaies romaines ont été trouvées à Saverdun (2). La création d’axes de communication à l’époque romaine a permis le développement des échanges entre  la région toulousaine et la vallée de l’Ariège : l’actuelle route nationale 20 suit probablement le tracé de l’ancienne voie romaine (3). Après les Romains, la région subit les invasions barbares comme le reste de la Gaule (4).
 
Pendant les siècles qui ont suivi la chute de l’empire romain, le christianisme, qui avait commencé à se répandre à l’époque romaine (martyre de Saint-Saturnin à Toulouse en 250), a lentement accentué son implantation par la construction de chapelles et monastères malgré les guerres et troubles successifs.
L’Eglise devient peu à peu puissante et s’enrichit, la population doit lui payer la dîme et les monastères reçoivent des donations. Elle détient le pouvoir temporel. L’abbaye de Saint-Sernin, qui fut la première créée à Toulouse vers le V° siècle, deviendra très puissante dans les siècles suivants.
 
A l’époque carolingienne, la région toulousaine était divisée en ministéria administrés par l’Eglise. Dans la basse Ariège, on distinguait alors un ministérium nommé Liciagense. On lit en effet dans l’Histoire Générale du Languedoc qu’un acte de 943 cite le Liciagense comme voisin de l’Olmès et du pays de Foix (5). Le Cartulaire de Saint-Sernin mentionne le ministérium licianense, dont Lissac devait être le chef-lieu, comme une subdivision du pagus tolosanus, pays toulousain (6). Ceci confirme l’ancienneté du lieu et, peut-être, sa relative importance dès l’époque carolingienne. Le Liciagense (ou Licianense ou Licianès) devait occuper le territoire situé sur la  rive gauche de l’Ariège entre Agarnaguès (territoire compris entre l’Ariège et l’Hers) et Podaguès (pays de Lézat).
C’est à cette époque le début de la féodalité qui durera quelques siècles au cours desquels les comtes profitent de la faiblesse du pouvoir royal pour imposer leur autorité. Les seigneurs locaux, issus sans doute des familles les plus importantes et placés sous la protection du comte, imposent des droits seigneuriaux aux populations de leur fief en contrepartie de la protection qu’ils leur apportent.
 
Le Comté de Foix fut créé par Roger le Vieux, comte de Carcassonne, en 1002 et son fils Bernard-Roger en devint le premier comte en 1012. Le sud du pays toulousain en faisait partie avec des limites plus ou moins précises entre Lissac (comté de Foix) et Cintegabelle (comté de Toulouse). Cette frontière fut l’objet d’une longue querelle entre les deux communautés (et entre les deux provinces) dont le règlement définitif n’intervint, semble-t-il, qu’à la Révolution.
Le nom de Lissac ne commence à apparaître qu’au cours des XI° et XII° siècles dans des actes de donation à l’abbaye de Saint-Sernin ou aux abbayes fondées ensuite dans la région : Lézat, Boulbonne, Calers, Valnègre, notamment dans des actes mentionnés dans le Cartulaire de Saint-Sernin (844-1200).
 
 
 
 
NOTES
 
 
1.- P. Morère et E. Pélissier, L’Ariège Historique, 1914, p.21. (D’après Luchaire, Les idiomes pyrénéens).
On sait que la région toulousaine et la vallée de l’Ariège ont été occupés par l’homme dès les temps préhistoriques mais l’Histoire a retenu les Ibères venus d’Espagne puis les Celtes venus du nord comme premiers peuples installés dans cette région. C’est la tribu celte des Volques Tectosages qui s’est fixée vers le début du III° siècle avant J.-C. sur tout un territoire compris entre le sud du Massif-Central et les Pyrénées et dont Toulouse devint la capitale. Ils dominent alors cette contrée et pénètrent la vallée de l’Ariège, dont l’accès depuis Toulouse est facile, jusqu’aux montagnes pyrénéennes. Ensuite, au II° siècle de notre ère, les Romains prirent possession de Toulouse et sa région.
2.- CBF, Saverdun, p.6 et p.21.
3.- Michel Labrousse, Toulouse Antique, 1968, p.352.
4.- Après l’invasion des Vandales en 411, les Wisigoths occupèrent Narbonne et Toulouse dont ils firent la capitale de leur royaume en 419 mais, après la victoire de Clovis sur Alaric II à Vouillé en 507, Toulouse rentre dans le royaume de France. Il y eut ensuite les invasions des Sarrasins (siège de Toulouse en 721) puis, à partir de l’époque carolingienne, Toulouse devient un comté dont les comtes seront héréditaires à partir de Raimond I° en 852.
5.- HGL, tome XII, note 18, p.198.
6.- Pierre Gérard, L’Ariège dans le Cartulaire de Saint-Sernin de Toulouse, aperçu géographique, BSA 1995, p.135.
 
 
                                                                                                                
 
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